OÙ EN ÉTAIS-JE ?
Il se fait tard le ciel quitte la chambre
Ce soir je vais vendre mes chèvres
Je marche derrière un troupeau
De clartés délicates
Les arbres qui me guident
Se ferment
Ils n’en sont que plus sûrs
Ce soir je vais construire une nuit d’exception
La mienne
Informe comme le soleil
Toute en collines rondes sous des mains paysannes
Toute en perfection en oubli de moi-même
La danseuse immobile et le poids de ses jambes
Si j’allais l’embrasser
Ses complices frivoles tournent autour d’elle
Elles ondulent haut dans les lignes du lustre
Je marquerai de noir le plancher et le toit
De noir et de repos d’absence de bonheur
Entre paume et paupière la foule du plaisir
Jusque dans le sommeil tient toute entière
Ce soir je ferai du feu dans la neige.
Paul Eluard (1895-1952) in J’ai un visage pour être aimé, Choix de poèmes de 1914-1951
Quelle belle image que celle de faire du feu dans la neige ! Elle résume à elle seule toute l’incertitude, le doute, le désir, la déception, la vie, la peur, l’hésitation, peut-être même la rancœur, tous ces états contenus dans un unique mot l’amour! Enfin c’est ainsi que je le perçois, une interprétation bien subjective. C’est un magnifique poème subtil, fin, et si sensible. Merci Ibonoco pour ce choix tout en délicatesse.
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Merci à vous également. Vous avez une belle et juste perception de ce poème. Une belle sensibilité.
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Oh, merci, votre appréciation me touche beaucoup! Nos deux représentations de ce poème se rejoignent alors!?
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Oui, la poésie est sans doute « faite » pour des personnes dont la sensibilité est – encore – vivante.
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Tout va bien alors… Bonne soirée très poétique dans ce cas
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Bonne soirée également. A bientôt
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☺️☺️
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