Je veux voyager au bout de la nuit, voir tout le monde, la terre, le ciel, la mer… et les étoiles, surtout les étoiles. Je veux voyager loin, très loin, plus loin que l’horizon et la promesse de demain. Je veux aller du côté de chez toi, entrer dans ta chambre et te déshabiller sans te regarder. Je veux voyager au bout de tes lèvres, voir le plaisir dans tes yeux, entendre le souffle de ta voix quand tu me murmures tes incantations…
Je veux voir la télé depuis la rue, sur le trottoir, le soir, comme tous tes voisins, par la fenêtre de ta maison, sous le soleil de l’éclairage public, en 1974. Je veux me rappeler cette rue, le numéro 7 de cette calle et toutes ces personnes qui attendent la nuit pour s’éveiller et respirer un peu d’air tiède. Ça sent la clope, un mélange épais de tabac blond et brun. Ça parle fort en se raclant la gorge. Ça crie, ça piaille, ça rigole. Ça vit, putain ça vit !
Je veux sentir le parfum du figuier, des orangers et des citronniers chatouiller mes narines. Je veux sentir l’odeur de la terre chaude. Je veux sentir les rayons de l’été se poser sur ma peau pour la réconforter. Je veux sentir le sel me mordre les mollets quand mes pieds sont recouverts par la vague. Je veux « Sous les pavés, la plage ! ». Je veux la plage, son sable blanc qui colle à la peau, « l’écume des jours » et son eau salée. Je veux faire une bonne sieste bien à l’abri des ultraviolets sous mon parasol.
Je veux tout ! Je veux tout ce que l’on peut vouloir et que l’on ne voit pas encore. Je veux encore entendre le chant des grillons qui dansent toute la nuit sous mon lit. Je veux m’assoupir avec le bruit des feuillages bercés par la brise quand je suis allongé – les yeux fermés – au fond de mon jardin. Je veux m’assoupir dans tes bras et attendre le matin. Je veux m’assoupir dans la paix de nos corps et l’esprit de nos lois. Je veux tout !
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