A LA RENCONTRE DE MON AMIE MAYA
Un vendredi soir vers 19 heures, fin des années 70 dans une commune de l’Est lyonnais…
Le cours de musique vient de se terminer… ouf ! Le solfège, c’est sympa mais à petites doses surtout quand la passion des notes, portées, dictées n’est pas réciproque entre l’élève et cette science quasi ésotérique. Jouer d’un instrument, passe encore mais être torturé pendant plus d’une heure trente minutes par un professeur de musique qui n’accepte pas la moindre inaptitude chez ses élèves, c’est une autre affaire. Mais à neuf ou dix ans, a-t-on réellement le choix d’aller contre la volonté éducative de ses parents ? Est-on seulement apte à simplement opérer un choix et décider de ce qui est bon pour notre âme et nos neurones ? La question reste ouverte… et le restera certainement pour toujours dans la caboche d’un petit libertaire qui ressent le monde intensément à chacune de ses inspirations, à chacun de ses regards tournés vers le ciel et demain…
Le cours de musique vient enfin de se terminer et c’est la liberté sur parole ! On en a fini avec les soupirs, les croches et doubles croches. Dans la cour de l’école, un attroupement de petites têtes se forme autour d’un objet marchant non identifié. Il me faut me rapprocher, me frayer un chemin et m’insinuer jusqu’au centre pour enfin découvrir la source de toute cette agitation, de tous ces cris et rires. Au milieu du groupe, je repère ma grande sœur, souriante, le regard en ébullition et empli de joie et d’amour. Elle est accroupie près d’une très jeune chienne croisée berger allemand aux oreilles cassées. Son bras droit serre contre elle le corps de la petite bête tandis que sa main gauche caresse sa tête avec douceur. C’est une jolie bestiole qui a l’air de nous sourire avec sa langue bien rose et râpeuse, sa respiration rapide, ses petites dents blanches et ses crocs bien visibles tandis que ses grands yeux marrons et noirs nous fixent tour à tour. Apparemment, elle nous observe aussi avec intérêt et semble s’interroger sur nos intentions. Certes, elle aime nos câlins mais elle semble vouloir plus. Elle semble nous parler ou plutôt nous supplier de rester avec elle.
Peu à peu, l’attroupement est moins nombreux et les apprentis musiciens se dispersent pour rentrer chez eux. Leurs parents venus les chercher ont encore beaucoup à faire avant le dîner et n’ont pas la patience ni l’envie de s’attarder à caresser un chiot abandonné. Ils ont oublié, tout oublié ou tout simplement ne désirent plus se souvenir, leur enfance est déjà loin, envolée et leurs sentiments enfouis au plus profond de leur être. C’est ainsi, un jour l’on grandit, et ce que l’on est réellement disparaît sous les coups d’une vie parfois un peu trop active, un peu trop éloignée de nos rêves ou trop attirée par de simples illusions…
A présent, nous ne sommes plus que deux ou trois autour de cet animal – sacré pour l’enfant – , animal qui ne cesse de plonger son regard dans le nôtre. Mais il est déjà trop tard pour ma sœur et moi. Je le ressens, je le sais, je la connais bien. Son cœur, son beau petit coeur vient de s’emballer – et ce ne sera pas la dernière fois. C’est le coup de foudre et de tonnerre en même temps. L’amour vient de grandir en elle et il a trouvé un petit être perdu qui ne demande qu’à aimer et à être aimé. Alors, il nous faut prendre une décision rapidement car nous devons nous aussi rentrer à la maison. Le chiot est affamé, ses côtes sont visibles, que va-t-il advenir de lui si nous le laissons seul ? A-t-on le droit de l’abandonner après l’avoir couvert et recouvert de câlins ? Non ! Non ! Et non ! Nous trouvons une cordelette que nous lui passons autour du cou en guise de laisse et c’est parti… pour une nouvelle vie, et quelle vie !
Pendant des années, cette chienne, notre chienne, ma chienne – Maya, c’est son nom – nous aura accompagnés, renouvelant à chaque instant son amour inconditionnel, le même que celui que nous avions vu dans ses yeux le soir de notre rencontre. Elle aura donné un bonheur permanent et infaillible à toute une famille sans jamais flancher et ce jusqu’à la fin, jusqu’au moment où trop affaiblie par la maladie, sentant l’aiguille de la seringue rentrer sous sa peau, elle fermera lentement ses yeux sur monde qu’elle a aimé avant de pousser un dernier soupir libérateur.
John Ibonoco
Générique MAYA l’abeille
MEETING MY FRIEND MAYA
A Friday evening around 7 pm, end of the 70’s in a town in the east of Lyon…
The music class has just finished… phew! Music theory is nice but in small doses, especially when the passion for notes, staves and dictations is not reciprocal between the student and this almost esoteric science. Playing an instrument is one thing, but being tortured for more than an hour and a half by a music teacher who does not accept the slightest ineptitude in his students, is another matter. But at nine or ten years old, do we really have the choice to go against the educational will of our parents? Are we even capable of making a choice and deciding what is good for our soul and our neurons? The question remains open… and will certainly remain so forever in the noggin of a little libertarian who feels the world intensely with each of his inspirations, with each of his looks turned towards the sky and tomorrow…
The music class has finally ended and it’s freedom on parole! We are done with sighs, eighth and sixteenth notes. In the schoolyard, a crowd of small heads forms around an unidentified walking object. I have to get closer, make my way and insinuate myself to the center to finally discover the source of all this agitation, of all these shouts and laughter. In the middle of the group, I spot my big sister, smiling, her eyes full of joy and love. She is crouched down next to a very young German shepherd dog with broken ears. Her right arm is holding the body of the little animal while her left hand gently caresses its head. It’s a pretty little animal that seems to smile at us with its pink and raspy tongue, its rapid breathing, its small white teeth and its fangs clearly visible while its big brown and black eyes stare at us in turn. Apparently, she also observes us with interest and seems to wonder about our intentions. Of course, she likes our cuddles but she seems to want more. She seems to talk to us or rather to beg us to stay with her.
Little by little, the crowd is less numerous and the apprentice musicians disperse to go home. Their parents, who had come to pick them up, still had a lot to do before dinner and didn’t have the patience or the desire to linger and pet an abandoned puppy. They have forgotten, forgotten everything or simply do not want to remember, their childhood is already far away, gone and their feelings buried deep inside. That’s how it is, one day we grow up, and what we really are disappears under the blows of a life sometimes a little too active, a little too far from our dreams or too attracted by simple illusions…
At present, we are only two or three around this animal – sacred for the child -, an animal that never ceases to plunge its gaze into ours. But it is already too late for my sister and me. I feel it, I know it, I know her well. Her heart, her beautiful little heart has just gone crazy – and it won’t be the last time. It’s love at first sight and thunder at the same time. Love has just grown inside her and it has found a lost little being who just wants to love and be loved. So, we have to make a decision quickly because we too have to go home. The puppy is hungry, his ribs are visible, what will happen to him if we leave him alone? Do we have the right to abandon him after having covered him and covered him with cuddles? No! No! And no! We find a string and put it around his neck as a leash and off we go… for a new life, and what a life!
For years, this dog, our dog, my dog – Maya, that’s her name – will have accompanied us, renewing at every moment her unconditional love, the same one we saw in her eyes the night we met her. She will have given a permanent and infallible happiness to a whole family without ever flinching and this until the end, until the moment when too weakened by the disease, feeling the needle of the syringe entering under her skin, she will slowly close her eyes on the world she has loved before pushing a last liberating sigh.
John Ibonoco
Belle histoire émouvante
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Merci Gyslaine. Et cette histoire est vraie ☀️
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UNe belle histoire etmouvante du parcours avec son animal.
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Merci Marie-Christine. C’est une histoire, une belle histoire en effet, qui remonte déjà à plusieurs décennies. Mais quel parcours et combien d’amour
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Bonjour John, que j’💗 cette si belle histoire : merveilleux souvenir du temps !!!
Bon week-end tout entier,
Amitiés 😘
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Émouvante histoire.
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Merci. Histoire vraie.
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c’est si émouvant !
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Merci de tes mots Shatu
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