Clic, clac — le bruit d’un amour
Un jour, il y eut Titi, notre belle Titi,
notre tendre et douce Titi.
Allongée de tout son long sur une malle en bois,
ou lovée en boule, le petit museau rose niché entre ses pattes,
enfouie dans les draps immaculés d’un lit,
le monde pouvait bien attendre.
Son ronron, régulier et profond,
tenait lieu de battement de cœur à la maison.
Son regard vert, profond et félin…
…perdu dans un ailleurs
que nous ne connaissions pas,
moustaches au vent,
elle guettait.
Toujours.
Le moindre signe.
Le pas de l’humain.
Le moment exact où la vie reprend.
Alors, en une fraction de seconde,
d’un bond,
elle redevenait fauve.
Quatre marches avalées d’un coup,
le jardin ouvert comme une promesse —
savane humide, herbes grasses, rosée du matin,
territoire sacré où tout redevenait possible,
Là-bas, dans son jardin
sous le soleil de nos années
– en hiver comme en été –
Titi disparaissait.
Restait le tigre, la lionne.
La panthère patiente, immobile des heures,
camouflée derrière une petite touffe d’herbe
mais suffisante pour l’art quotidien de la chasse.
Puis l’éclair.
La vitesse.
L’instinct intact.
Puis venait l’heure du retour…
Clic, clac, clic, clac.
On l’entendait de loin.
Ses griffes résonnant sur le parquet
comme une signature sonore.
Petit fauve de la savane,
oui —
mais fauve d’appartement,
maîtresse du lit,
reine des rayons de soleil de midi.
Elle poussait la porte de la chambre d’un coup de tête,
le corps un peu plus rond qu’avant —
certainement la faute à la vie douce,
aux draps tièdes,
aux croquettes qui font crac crac entre ses dents,
aux siestes trop longues
(et parfaitement assumées).
À ton approche,
elle levait les yeux vers toi
et te regardait – avec insistance.
Les yeux verts plissés,
le monde suspendu
Dans ce silence absolu,
tout était dit :
je t’aime, humain, mon humain.
Et toi,
évidemment, tu fondais.
Sans résistance.
Comme toujours…
T’apercevant de loin,
venant alors à ta rencontre
elle se laissait tomber sur le dos,
ventre offert,
dodu, chaud, infiniment doux.
Festival de roulades, miaulements
et puissants ronrons en marche,
bonheur brut,
amour sans conditions.
Elle appartenait à la maison,
à toute la maison
et la maison lui appartenait.
Mais jamais totalement.
Parce qu’un chat reste libre.
Parce que Titi faisait ce qu’elle voulait,
quand elle voulait.
Parce qu’elle comprenait tout.
Et donnait tout.
Puis la maladie est venue.
Insidieusement, sournoisement
et silencieuse.
Long combat contre l’irréversible
qui ne dit pas encore son nom.
Souffrances, confiance en l’humain, oui.
Mais aussi une autre forme d’amour —
plus dense, plus grave,
Celle de ceux qui veillent.
Celle de ceux qui restent,
autour de cette table en métal,
Jusqu’au bout.
Une première piqûre, l’apaisement – enfin !
Une deuxième piqûre, le corps s’affaisse
Un dernier souffle recueilli, c’est la fin !
En avril 2023,
le fauve s’est retiré.
Sans bruit.
Laissant derrière lui
des poils sur un tapis,
un regard vert dans la mémoire,
et ce vide étrange
que seuls les vrais compagnons savent créer.
Aujourd’hui encore,
Titi dort quelque part.
Un chat qui rêve.
Les papattes en l’air.
Un répit bien mérité.
Tigre minuscule.
Lionne de salon.
Panthère du jardin.
Miracle dans le creux de nos mains.
Tu nous manques tellement.
On t’aime, ma Titi.
John Ibonoco est écrivain-blogueur et créateur de News from Ibonoco, un espace d’écriture où fragments, poèmes, notes et musiques se répondent au fil des jours. Il y explore une ligne simple : dire le réel sans détour, accueillir l’émotion sans en faire trop, chercher ce point fragile où l’intime rencontre le monde.
Ses textes, courts et précis, avancent avec une sobriété assumée. Il écrit en français et en anglais, passant de l’une à l’autre pour ajuster rythme, souffle et image, comme on règle la lumière autour d’une scène qu’on veut juste.
News from Ibonoco se lit comme un carnet en mouvement : séries récurrentes, portraits, traductions, pièces originales, parfois accompagnés d’images, de musiques ou d’inédits qui élargissent le cadre.
Son objectif reste modeste mais clair : écrire pour éclairer, relier, transmettre. Chercher des mots qui aident à comprendre ce que nous traversons — ici, maintenant — et à en faire quelque chose de vivant.
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Click, Clack — The Sound of Love
One day, there was Titi — our beautiful Titi,
our tender, gentle Titi.
Stretched out full length on a wooden trunk,
or curled into a tight ball, her small pink nose tucked between her paws,
buried deep in the immaculate sheets of a bed,
the world could wait.
Her purr — steady, deep —
served as the heartbeat of the house.
Her green eyes, deep and unmistakably feline,
lost in some elsewhere
we never knew,
whiskers lifted to the air,
she watched.
Always.
The slightest sign.
The sound of her human’s step.
The exact moment when life begins again.
Then, in a fraction of a second,
with a single leap,
she became wild again.
Four steps taken in one bound,
the garden opening like a promise —
a damp savanna, thick grass, morning dew,
a sacred territory where everything was possible once more.
Out there, in her garden,
under the sun of our shared years —
winter and summer alike —
Titi vanished.
What remained was the tiger. The lioness.
The patient panther, motionless for hours,
hidden behind a small clump of grass,
yet enough for the daily art of the hunt.
Then the flash.
The speed.
Instinct intact.
Then came the time to return.
Click, clack, click, clack.
We heard her coming from far away.
Her claws echoing on the wooden floor
like a personal signature.
A little savanna predator,
yes —
but an apartment one,
mistress of the bed,
queen of the midday sunbeams.
She pushed the bedroom door open with her head,
her body a little rounder than before —
surely the fault of a gentle life,
of warm sheets,
of kibble cracking between her teeth,
of naps taken too long
(and fully embraced).
As you approached,
she lifted her eyes to you
and looked at you — insistently.
Green eyes half-closed,
the world held still.
In that absolute silence,
everything was said:
I love you, human, my human.
And you,
of course, melted.
Without resistance.
As always.
Seeing you from afar,
she would come to meet you,
then drop onto her back,
belly offered,
round, warm, infinitely soft.
A festival of rolling, meows,
and powerful purrs set in motion —
raw happiness,
love without conditions.
She belonged to the house,
to the whole house,
and the house belonged to her.
But never completely.
Because a cat remains free.
Because Titi did what she wanted,
when she wanted.
Because she understood everything.
And gave everything.
Then illness came.
Insidious, treacherous,
and silent.
A long fight against the irreversible,
still unnamed.
Suffering, trust in the human — yes.
But also another kind of love —
denser, more solemn.
The love of those who keep watch.
The love of those who stay,
around that metal table,
until the very end.
A first injection — relief, at last.
A second — the body gives way.
One final breath held close. It is over.
In April 2023,
the wild one withdrew.
Without a sound.
Leaving behind
fur on the carpet,
green eyes in memory,
and that strange emptiness
only true companions know how to leave.
Even now,
Titi sleeps somewhere.
A dreaming cat.
Paws in the air.
A well-earned rest.
Tiny tiger.
Living-room lioness.
Garden panther.
A miracle held in the hollow of our hands.
We miss you so much.
We love you, our Titi.
John Ibonoco is a writer and blogger, and the creator of News from Ibonoco—a space where fragments, poems, notes, and music speak to one another as the days unfold. His work follows a simple line: telling things as they are, giving emotion its place without excess, and exploring that delicate point where the personal meets the world.
His texts are concise and intentional, written with a steady, understated voice. He writes in both French and English, moving between the two to refine rhythm, imagery, and breath—much like adjusting the light around a scene to make it true.
News from Ibonoco reads like a living notebook: recurring series, portraits, translations, and original pieces, sometimes accompanied by images or unpublished material that broaden the frame.
His aim is modest yet clear: to write in order to illuminate, connect, and pass something on. To offer words that help make sense of what we live through—here, now—and to turn it into something alive.
❤
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Merci Isabelle
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Quel bel hommage à Titi, ce beau trésor !!! Amitiés
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Merci Colette. Une petite pensée pour nos petits compagnons en ces fêtes de fin d’année.
Amitiés
John
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Comme c’est beau tout cet amour toujours en toi pour Titi, John ❣️Non on ne les oublie pas nos compagnons chéris …Bise John 🎶 » The Lovecats «
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Hello Juliette,
Le temps passe, d’autres petits amis arrivent dans nos vies mais la présence de ceux déjà partis nous manque toujours autant. On commence par oublier leur odeur ; parfois les souvenirs que l’on a deux s’estompent comme s’ils n’avaient jamais été là – malgré les photos et films. Alors, l’écriture mes les rappelle un peu plus.
Bises Juliette
John
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Comme je comprends cet hommage à Titi. Avant Ticha, nous avions Miss Titi et j’ai gardé sa photo en fonds d’écran sur mon ordinateur. Nos animaux, même quand ils ont disparu, restent dans nos mémoires…
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Bel hommage qui va droit au cœur. 😻🥲😻
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merci mon frère ibonoco
j’aurais voulu pouvoir écrire des choses aussi magnifiques sur ma jolie mamie de 19 ans, ma Chérie Totochica qui est partie le 5 avril 2025
Hélas je n’ai pas ton sublime talent mais je lui grâce…
Choupy douce
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