A Odette… A Niko et tous les autres.
Tu avances à pas feutrés, maladroitement, t’agrippant fermement à cette rampe froide et métallique qui te mène, un peu plus chaque jour vers un âge de glace où tout se confondra avec désolation… dans l’oubli des jours anciens – chaleureux et heureux. La Guerre, la Résistance, la Libération, tout
cela est déjà bien loin : les années 50 et leurs belles promesses de prospérité, d’une vie meilleure pour tous… On avait donné sa vie pour la Liberté : à gauche comme à droite, fils d’ouvriers et fils des beaux quartiers. On avait résisté dans la souffrance, on avait fui avec les copains du quartier le Service du Travail obligatoire pour rejoindre le Maroc et s’engager dans la Légion étrangère. On était devenu Franc-tireurs et partisans, membre de l’Armée secrète de De Gaulle puis Forces françaises de l’intérieur… On l’avait su très tôt : on se battrait et on mourrait pour la Liberté, et pour une vie meilleure où l’égalité et la fraternité se conjugueraient demain avec réalité.
Mais aujourd’hui, tu avances à pas feutrés, t’agrippant fermement à cette rampe froide et métallique qui te mène, un peu plus chaque jour vers un âge de glace où tout se confondra avec désolation… Et même la peine et la tristesse d’antan, celles des mauvais moments, des jours de deuil, de douleur ou de maladie s’effaceront devant l’inéluctable : une fin de vie qui toujours finit par arriver alors même que tu t’accroches à la rampe de ton destin… Mais toi, cette rampe, tu n’as plus envie de la tenir. Tu vas la lâcher : tu ne reconnais plus le monde dans lequel tu vis du haut de tes 92 ans d’espoirs et de combats. Cela fait déjà quelques lustres que le jour ne veut plus se lever : rien à faire ! La nuit enveloppe ton esprit dans son linceul apaisant et tu sens qu’il est temps de partir.
« Le ticket n’est plus valable ! » disais-tu… « Le ticket n’est plus valable ! » Alors, toute belle et bien apprêtée, tu t’es allongée dans ton lit, souriante, recevant chaque jour ta famille et tes amis. Tu n’as plus voulu manger puis boire. Et en quatre mois tu t’en es allée tranquillement rejoindre les murmures de l’Histoire.
John Ibonoco
To Odette… To Niko and all the others.
You are moving forward with muffled steps, clumsily, clinging firmly to this cold and metallic ramp that leads you, a little more each day, towards an ice age where everything will be confused with desolation… in the oblivion of the old days – warm and happy. The War, the Resistance, the Liberation, all that is already far away: the 50’s and their beautiful promises of prosperity, of a better life for all… We had given our lives for Freedom: on the left as well as on the right, sons of workers and sons of the beautiful districts. We had resisted in suffering, we had fled with our friends from the neighborhood from the Obligatory Work Service to join Morocco and enlist in the Foreign Legion. We had become Franc-tireurs et partisans, members of De Gaulle’s secret army and then of the Forces françaises de l’intérieur… We knew very early on that we would fight and die for freedom, and for a better life where equality and fraternity would become a reality tomorrow.
But today, you are moving forward with muffled steps, clinging firmly to this cold and metallic ramp that leads you, a little more each day, towards an icy age where everything will be confused with desolation… And even the pain and sadness of yesteryear, those of the bad moments, of the days of mourning, of pain or of illness, will fade away in front of the inevitable: an end of life that always arrives while you hold on to the ramp of your destiny… But you, this ramp, you don’t want to hold it anymore. You are going to let go of it: you no longer recognize the world in which you live from the height of your 92 years of hopes and fights. It’s already been a few years since the day doesn’t want to get up: nothing to do! The night wraps your mind in its soothing shroud and you feel that it is time to leave.
« The ticket is no longer valid ! » you said… « The ticket is no longer valid! » So, all pretty and dressed up, you lay in your bed, smiling, entertaining your family and friends every day. You didn’t want to eat or drink anymore. And in four months you quietly went away to join the murmurs of history.
John Ibonoco
quel émouvant billet ! merci John. Belle soirée
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Bonjour Hélène,
Merci Hélène. Un petit clin d’oeil à mes chers disparus, pour tout ce qu’ils ont accompli durant leur vie et les périodes troubles de notre Histoire, celle qu’ils ont affrontées.
Amitiés
John
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Comme c’est touchant, John !!!
Bon dimanche,
Amitiés 😘🙏
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Merci de tes mots Colette,
J’ai une pensée pour nos Anciens, pour nos ainés.
Bisous et amitiés
John
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Brilliant
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