L’histoire se répète… tous les jours, chaque matin midi et soir, monotone comme le cortège d’un enterrement – tout vêtu de noir – suivant, le regard perdu dans le vide et le brouillard, le corbillard débordant de fleurs aux senteurs pourries, par un mois de février, gris, froid et sec, qui ne laisse aucun espoir quant à la venue d’un nouveau printemps.
Ton histoire se répète… invariablement, inlassablement depuis des années, depuis toujours et pour toujours, te conduisant jour après jour, par la main à ta propre fin programmée depuis ta naissance. Seul, tout seul comme un con, isolé, tu finiras seul, oublié de tous parce que tu n’as pas su t’ouvrir, rire avec les autres et t’occuper de toi, rire avec le vent, la pluie et le soleil, ni danser sur les braises du désir et de l’amour ou t’enflammer en croisant le regard d’une inconnue. Cela fait déjà quelques décennies que tu as perdu le sens de l’humour, le goût de la fête, l’envie d’être toi-même.
Il est trop tard pour toi. Tu n’as pas su cultiver tes amitiés, le désert a gagné sur la joie et ta vie. Et toi ? Toi, tu n’as rien vu, aveuglé par demain, par ce demain qui résonne comme un refrain, petit mantra pour ceux qui se perdent dans l’illusion d’une vie effrénée se confondant avec surcharge de travail, devoirs à assumer jusqu’au sang, contraintes et obligations sans remises en question.
Il est déjà trop tard pour toi. Et toi ? Tu n’as pas su repérer – tous ces petits matins qui mis bout à bout font des années – dans le miroir de ta salle de bain, toutes ces ridules naissantes au fil du temps, ces petits cheveux grisonnant au gré des intempéries, ni même repérer ses petites douleurs articulaires qui t’imploraient de ralentir le pas. Mais toi, tu le hâtais, tu ne faisais que l’accélérer ce pas comme pour mieux fuir en avant et rejoindre ce demain annonciateur des jours meilleurs.
Mais aujourd’hui, on est déjà demain, ce demain tant attendu, ce demain qui sera pour toi simplement celui de ta fin, de cette attente désespérée sur un quai de gare désaffecté, de ton départ vers le silence de ta propre mort et de l’oubli. Aujourd’hui, tu souffres, des larmes mouillant tes yeux, des regrets plein la tête d’avoir été aveugle aux autres, à la beauté de tous ces beaux instants en famille, gâchés, ratés, sabordés… « Tu sanglotes tu gémis à présent qu’a sonné l’heure » dans le silence de ta chambre attendant dans l’angoisse que le voile de la mort vienne te recouvrir et fermer enfin tes yeux.
John Ibonoco
History repeats itself… every day, every morning, noon and night, monotonous as the funeral procession – all dressed in black – following, lost look in the emptiness and the fog, the hearse overflowing with rotten-smelling flowers, in a grey, cold and dry month of February, which leaves no hope for a new spring.
Your history repeats itself… invariably, tirelessly for years, forever and ever, leading you day after day, by the hand to your own programmed end since your birth. Alone, all alone like an asshole, isolated, you will end up alone, forgotten by all because you didn’t know how to open up, to laugh with others and to take care of yourself, to laugh with the wind, the rain and the sun, nor to dance on the embers of desire and love or to catch fire when you meet a stranger’s eyes. It’s already been a few decades since you lost your sense of humor, your taste for celebration, your desire to be yourself.
It’s too late for you. You have not been able to cultivate your friendships, the desert has won over joy and your life. And what about you? You have not seen anything, blinded by tomorrow, by this tomorrow that sounds like a refrain, a little mantra for those who get lost in the illusion of a frantic life that is confused with overwork, duties to be assumed to the point of blood, constraints and obligations without questioning.
It’s already too late for you. What about you? You didn’t know how to spot – all those little mornings that add up to years – in your bathroom mirror, all those fine lines that appear over time, those little hairs that turn grey with the weather, nor even spot those little joint pains that implored you to slow down. But you, you hastened it, you only accelerated this step as if to better flee forward and join this tomorrow announcing better days.
But today is already tomorrow, this long awaited tomorrow, this tomorrow which will be for you simply the one of your end, of this desperate wait on a disused station platform, of your departure towards the silence of your own death and oblivion. Today, you suffer, tears wetting your eyes, regrets full of head to have been blind to the others, to the beauty of all these beautiful moments in family, wasted, missed, scuttled… « You sob you moan now that the hour rang » in the silence of your room waiting in the anguish that the veil of the death comes to cover you and to close finally your eyes on a world which you will never have understood.
John Ibonoco
Et bien John , ton texte est triste et beau …
Bise
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Merci Juliette,
Il y a des moments comme ça…
Bises
J5ihn
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Merci Juliette,
Il y a des moments comme ça…
Bises
John
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Et tout va bien 😉
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