(Rediffusion du 4 août 2018)
A mon père
La petite fille unique qui pleure a perdu le chemin de sa maman. Dans ce supermarché de Strasbourg, en ces temps de froids polaires que les années soixante-dix connaissent, la petite fille unique aux yeux verts a les yeux rougis par les larmes. Elle a perdu le chemin, elle pleure. Elle l’a juste perdu et pourtant sa maman était juste dans un rayon à deux pas d’elle…
La petite fille unique pleure à chaque rentrée scolaire de son école quai Zorn. La petite fille unique qui pleure se fait toujours molester par ce garçon grassouillet plus grand qu’elle. Il lui lance violemment des marrons à la figure et sur ses petites jambes de petite fille ; ça fait mal, ça fait très mal quand on est une petite fille – unique et que l’on ne sait pas encore se défendre. Alors, la petite fille unique pleure. Chaque année, elle appréhende le moment de la rentrée et la volée de marrons qui l’attend. Mais avec le temps, du courage et beaucoup de détermination, la petite fille unique qui pleure ne pleure plus. Elle a fini par gravir toutes les années de cette école, de 5 à 17 ans, comme on gravit des échelons dans une carrière : pas à pas, petit à petit jusqu’au bouquet final du « bachot » comme disait son grand père Jacques bien aimé.
La petite fille unique qui pleure se rappelle du départ de Muriel, sa meilleure amie, alors qu’elle avait 12 ans. Elle lui confia sa petite tortue californienne en guise de confiance et d’amitié, celle-ci périt peu de temps après… Muriel, c’était comme Juliette, une fille de famille éclairée et ouverte d’esprit, nous étions très complices, dans l’entraide permanente. Parfois, c’est elle qui pleurait et que je consolais, tant sa mère, infirmière de son état, était sévère et prompte à la « correction » que les lois d’aujourd’hui réprimeraient. Muriel, Juliette, où êtes-vous ?
La petite fille unique qui pleure a très vite compris que le beau regard bleu de son papa, si exigeant en terme de vérité pour elle, cachait des univers inconnus que seules ses années passées dans une unité d’élite de parachutiste pendant la guerre d’Algérie pouvaient expliquer. Elle a souvent vu sa maman pleurer à cause de ses mensonges et de la vie qui lui était imposée ; et quand il est parti pour toujours une nuit de juillet dernier et qu’elle a lu son testament, elle a pleuré encore tant elle s’est sentie abandonnée. Mais promis, juré, ce sera le dernier moment de vérité.
La petite fille unique qui pleure a cru qu’aimer un petit garçon qui pleure et qui vient de loin leur permettrait de grandir et sécher leurs larmes ensemble .Elle a cru qu’ ils déplaceraient des montagnes et s’aimeraient toute la vie ; et des montagnes, elle a souvent, seule, dû les déplacer. Au gré des années, l’amour s’est asséché ; au gré des années, les larmes ont recommencé…
Aujourd’hui, la petite fille unique qui pleure est devenue une grande fille unique qui n’a pas de frères, qui n’a pas de sœurs et qui n’a plus son papa.
Aujourd’hui, la grande fille unique voudrait rire de tout, aimer et être aimée. Elle aime tant la vie, elle aime tant donner. Et elle porte tant d’amour en elle ! Mais la grande fille unique se sent souvent seule au fond d’elle-même. Souvent la nuit, dans le silence de son lit, quand la ville est endormie et qu’elle ne l’entend presque plus, elle a mal. Elle a mal de se sentir seule, de ne pas avoir une famille plus nombreuse, de ne plus pouvoir dire : « papa, je t’aime… ».
Bonjour John ( c’est bien ton prénom ? ) je dis encore souvent tout haut à mon papa et ma maman que je les aime même s’ils ne sont plus là , mais j’ai par contre j’ai la chance d’avoir des frères et sœurs et un conjoint aimants …à l’inverse de cette grande petite fille …
j’en suis triste pour elle …
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Moi c’est ibanaca.je te remercie pour ta compassion bonne journée
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Pardon …
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😀
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Je l’aime vraiment !
Bon courage ❤️
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Merci à toi
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De rien 💌
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Bonjour ibanaca,
Des petites filles qui pleurent, j’en ai connu quelques-unes, à commencer par ma petite sœur. Ses larmes et sa tristesse me désarmaient complètement. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait autant de crainte, et pour la consoler, je m’unissais à ses larmes. Le monde me semblait soudain tragiquement malheureux. Que pouvait-elle ainsi éprouver pour avoir peur de tout ? Toute la détresse de ma sœur m’a donné soudain ce désir d’union avec L’Unité. Le cœur s’élargit de son étroitesse. Oui, plus nous sommes à voir l’autre et plus nous ne nous ne voyons plus. C’est ce que m’inspire cet écrit. Merci…
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Merci de ces propos ,j’espère alors voir de nombreux « autres « …
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Très beau, très émouvant…
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Merci
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Je viens de lire : Ibanaca. Mais le blog c’est : « New from Ibonoco »… Ibonoco c’est ton « lieu » et Ibanaca ton pseudo, ou êtes-vous deux sur le blog et tantôt l’un écrit , tantôt l’autre ?
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Bonjour ,ibonoco est un auteur qui diffuse son art sur « News from Ibonoco » et je suis Ibanaca ,une auteure occasionnelle ,invitée et associée sur son blog.
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ah bah voilà ! Je ne comprenais pas très bien… Merci. Joli texte.
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Merci 😊
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» Elle aime tant la vie, elle aime tant donner. »…!
Je comprends par ces mots lumineux , que les épreuves de cette petite fille, n’ont pas éteint
l’essence de son Être…!
Je la trouve émouvante, courageuse …
Je lui souhaite, malgré les relents du passé qui viennent la hanter, de trouver la paix, la sérénité dans l’aujourd’hui et toutes les possibilités qui s’ offrent…
Belle écriture d’un vécu partagé avec beaucoup de générosité et de sensibilité…
Bon weekend Ibanaca
Amitiés
Manouchka
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Merci de ce commentaire sensible et juste qui me touche .Mon « aujourd’hui « est enfin prometteur. Excellente soirée. ….
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» Mon aujourd’hui est enfin prometteur » Vraiment heureuse de l’entendre… » De le lire », devrais-je dire ( sourire )…
Excellente soirée également
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Merci 😀
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Un très beau texte très émouvant des larmes de cette petites fille unique qui pleure parce que son cœur est tendre, sensible, généreux et si débordant d’amour, et la petite fille unique pleure toujours parfois alors qu’elle sait que certaines fleurs ont plusieurs floraisons. Le petit garçon a aussi sûrement pleuré autant qu’elle mais en cachette. Il voulait sûrement aussi aimer et être aimé tout comme la petite fille unique qui pleure. Leurs larmes sont devenues un lac bleu aux eaux si pures qu’elles ne reflètent que ce qui l’est.
En hommage à tous les enfants qui pleurent et qui pleureraient sûrement s’ils lisaient cette histoire, cette chanson du grand-père Jacques qui comprenait bien les enfants parce qu’il était resté enfant lui-même. Merci Ibanaca pour ce magnifique texte perlé d’amour, de sensibilité, de tendresse.
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Magnifique commentaire Belles Sources…Merci pour cette chanson suggérée de notre Jacques bien-aimé…Amitiés
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Merci Manouchka, et oui honneur à cet immense poète Jacques qui sait les mots justes.
Amitiés
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Merci d’avoir su lire entre les lignes et d’avoir apprécié ce texte dans toutes ses dimensions et émotions .très bonne soirée
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Merci à vous Ibanaca pour la profondeur et la sensibilité de votre expression, de votre perception. Belle soirée à vous.
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Et merci pour le lien YouTube.
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Touché.
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Merci
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Merci Ibanaca la petite fille que j’étais et la grande que je suis devenue a l’immense bonheur d’avoir eu un fils…. et la maternité apaise bien des douleurs même si les enfants sont loin et même si l’absence de nos géniteurs se fait de toutes façons cruellement ressentir…
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Merci pour ce rappel réconfortant bonne journée
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Le papa n’est pas un mari. S’il n’a pas été le mari parfait pour maman, il a été le papa fêté, aimé, câliné et câlinant. Celui qui peut-être faisait oublier les coups de marrons sur les jambes et la solitude. Alors vive le souvenir du papa, qui ne fut pas qu’un géniteur mais un regard, un sourire, une voix, celui qu’on attendait et auquel on pense souvent…
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Merci pour ces précisions pleines de sens positif
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Je suis également fille unique et votre texte m’a énormément touchée. J’ai aussi perdu mon père et il m’a fallu du temps pour me consoler. Mais, même quand on naît sous le signe de la solitude, c’est loin d’être une fatalité et la vie offre beaucoup de belles et enrichissantes rencontres.
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Merci pour cette note d’optimisme que je partage ,oui ,la vie est belle même si elle est dure parfois
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Oui, absolument 🙂
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Je pense que nous sommes beaucoup à conserver une petite fille en larmes au fond de notre âme. C’est un très beau texte, touchant, émouvant. Il reste à la petite fille, devenue grande, de rassurer, protéger et aimer la petite fille unique pou l’encourager à grandir en confiance, elle aussi.
Belle soirée à vous !
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Merci pour ces mots réconfortants ,je vais m’en inspirer.belle soirée à vous également
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C est très touchant… Très bien écrit. Bonne journée
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Merci pour ces encouragements bonne journée également
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C’est très touchant ces mots. Tant de passages et tant de souffrances. Tant de destins croisés et tant de larmes encore et encore.
C’est en rassurant la petite fille que la grande pourra retrouver confiance et avancer sereinement vers la vie. Ceux qui ne sont plus sont toujours là quelque part. Elle peut dire « je t’aime papa » . Il l’entendra.
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Je vous remercie pour ces propos réconfortants bonne journée
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Merci
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