
New Order – Ceremony
Le 9 novembre 1981, c’est la fin ! C’est la fin d’un monopole d’État et le début de l’explosion des radios libres sur la bande FM. C’est une véritable libération, une énorme déflagration, une révolution… « culturelle » sans précédent ; la jeunesse parle à la jeunesse à coup de vinyles importés… on en a presque terminé avec les petites ondes et les grandes ondes. Enfin ! enfin de la bonne musique à l’antenne. Enfin ! toute la musique sur les ondes. Le temps des radios pirates est révolu et celles-ci ont bien joué leur rôle mais aujourd’hui, c’est l’heure d’apparaître au grand jour et de changer de statut. Les pirates se sont racheté une conduite et deviennent libres. C’est le moment de renaître et de lancer à grands coups de mégahertz dans les airs tous ces bons sons venus de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne… Il suffit juste d’avoir un émetteur, de se constituer en association, de trouver un nom accrocheur et l’on peut devenir le nouveau roi – local – de la radio. Liberté sur les ondes ! Légalité pour la FM ! Fraternité pour les jeunes ! Voilà un triptyque bien plaisant en ce début de décennie où il faudra que chacun trouve sa place… et il y en avait en effet de la place pour tout le monde, plus de 2000 radios qui voient le jour en peu de temps.
De la petite radio locale enfumée d’un lycée à celle d’une association branchée, de la Nouvelle Radio des Jeunes (NRJ) à Radio Nova, RFM ou radio Brume à Lyon, un nouveau paysage se dessine peu à peu sur les ondes et transforme chaque jour un peu plus nos habitudes musicales… Les tuners des chaînes Hi-Fi captent des musiques venues d’ailleurs. Dans les cafés et les bars, les juke-box se mettent au diapason et diffusent Depeche Mode, New Order, The Stranglers, Human League... Les magasins de fripes vendent des vieilles vestes de l’armée, des rangers, des creepers, des bombers. Dans les rues, des armées de jeunes aux couleurs de Londres respirent à fond une liberté toute fraîche, celle de leurs vingt ans. Ah ! les eighties, années colorées des promesses difficiles à tenir, années porteuses d’un espoir de vie meilleure pour demain… Les eighties, avant dernier tournant avant le nouveau millénaire, dernière ligne droite avant la chute d’un mur, la fin d’un empire et d’un monde bipolaire.
Avec les années 80, une nouvelle ère se lève sur les enfants de mai 68. Et toutes les musiques sont au rendez-vous : le rock, le punk, la new-wave, le reggae, le funk, le disco le rap et les débuts de la house music de Chicago sur fond de sida émergeant. Elles se bousculent dans les bacs de disques où sur les platines vinyles des studios. Des cassettes enregistrée circulent de main en main avec sur leur bande magnétique des nouveaux sons où se mêlent guitares, claviers, synthétiseur, boîtes à rythme. Les Anglo-Saxons deviennent l’avant-garde d’une nouvelle aventure musicale, d’une nouvelle vague submergeant les anciennes idoles, les anciens dieux. Les microsillons craquent de plus bel sous la beauté d’un diamant roulant à 33 tours par minute et accouchent d’un nouveau panthéon. Ce sont les nouveaux « enfants du rock » !
Des enfants parfois terribles pour leurs parents, des enfants qui ne sont pas des virtuoses. Mais ! lorsqu’ils forment un groupe, jouent de la guitare, grattent leurs basses avec simplement deux ou trois accords et martèlent les touches de leurs claviers, ça sent vraiment bon les quartiers de Londres, de Manchester ou de Liverpool. Ça sent bon le rock de potes, celui des répétitions dans un garage, des clopes et des bières, de l’insouciance et tout cela en héritiers de la génération punk, avec une nouvelle touche de créativité, un mélange pop rock à la fois expérimental, une touche de synthé en plus, d’électronique et même d’un peu de disco. C’est une musique qui chante la jeunesse, parle à la jeunesse, raconte des histoires d’amour et de déceptions sentimentales, fantasme les peurs, les joies avec un brin de naïveté et un soupçon de tout ce qui rend une époque inoubliable.
Cette musique, que c’était bon à écouter quand on avait quinze ans… lorsque l’on avait à peine quinze ans ! Aujourd’hui ? Le plaisir reste le même avec en prime, un petit voyage dans le temps. Pour cela, il suffit juste de fermer les yeux et de laisser ces voix et mélodies vous envelopper le temps d’une chanson.
John Ibonoco
November 9, 1981, it’s the end! It is the end of a State monopoly and the beginning of the explosion of the free radios on the band FM. It is a real liberation, an enormous deflagration, a revolution… « cultural » without precedent; the youth speaks to the youth with imported vinyls… we almost finished with the small waves and the big waves. Finally! finally good music on the air. Finally! all the music on the air. The time of the pirate radios is over and they played their role well, but today, it’s time to appear in the open and change their status. The pirates have redeemed themselves and become free. It is the moment to be reborn and to launch with great blows of megahertz in the air all these good sounds coming from Great Britain, the United States, Belgium, Italy, Germany… It is enough to have a transmitter, to be constituted in association, to find a catchy name and one can become the new king – local – of the radio. Freedom on the airwaves! Legality for FM! Fraternity for the young! Here is a very pleasant triptych at the beginning of this decade where everyone will have to find his place… and there was indeed room for everyone, more than 2000 radio stations were created in a short time.
From the small smoky local radio of a high school to the one of a trendy association, from the Nouvelle Radio des Jeunes (NRJ) to Radio Nova, RFM or Radio Brume in Lyon, a new landscape is gradually taking shape on the airwaves and transforming every day a little more our musical habits… The tuners of the hi-fi systems pick up music coming from elsewhere. In cafés and bars, jukeboxes are tuned to Depeche Mode, New Order, The Stranglers, Human League… Thrift stores sell old army jackets, rangers, creepers, bombers. In the streets, armies of young people in the colors of London breathe in a fresh freedom, that of their twenties. Ah! the eighties, years colored by promises difficult to keep, years carrying a hope of a better life for tomorrow… The eighties, before the last turn before the new millennium, the last straight line before the fall of a wall, the end of an empire and a bipolar world.
With the 80s, a new era rises on the children of May 68. And all kinds of music were present: rock, punk, new-wave, reggae, funk, disco, rap and the beginnings of Chicago house music against the backdrop of the emerging AIDS epidemic. They are jostled in the record bins or on the vinyl decks of the studios. Recorded cassettes circulate from hand to hand with their magnetic tape of new sounds where guitars, keyboards, synthesizers, rhythm boxes are mixed. The Anglo-Saxons became the vanguard of a new musical adventure, a new wave submerging the old idols, the old gods. The LPs crackle under the beauty of a diamond rolling at 33 rpm and give birth to a new pantheon. They are the new « children of rock »!
Children sometimes terrible for their parents, children who are not virtuosos. But when they form a band, play guitar, strum their bass with just two or three chords and hammer the keys of their keyboards, it smells really good the districts of London, Manchester or Liverpool. It smells like buddy rock, like rehearsals in a garage, cigarettes and beers, carefree and all that as heirs of the punk generation, with a new touch of creativity, a mix of pop rock and experimental music, a touch of synthesizer, electronics and even a little disco. It’s a music that sings about youth, speaks to youth, tells stories of love and sentimental disappointments, fantasizes about fears and joys with a touch of naivety and a hint of everything that makes an era unforgettable.
This music, how good it was to listen to when we were fifteen years old… when we were barely fifteen years old! Nowadays? The pleasure remains the same with in bonus, a small trip in the time. For that, you just have to close your eyes and let these voices and melodies envelop you the time of a song.
John Ibonoco
Je me souviens aussi des Cure et de leurs coiffures gothiques qu’on essayait d’imiter pour se déguiser à Mardi Gras …
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Oui, et les Cure continuent de jouer et de produire de bons morceaux.
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Ah j’ai cessé de les suivre il y a bien longtemps mais je crois volontiers qu’ils font toujours de belles choses.
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Merci. Excellente soirée
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Bon jour,
Une époque délire… vraiment … je courais la gueuse et les études se sont roulées sous la table … 🙂
Max-Louis
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Mes études également ont connu quelque ralentissement avant de repartir mais la musique ne m’a jamais quitté. 😊
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Idem pour la musique … par contre pour mes études, y a des séquelles … 🙂
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J’ai pu bien me rattraper mais la vie active m’a paru ensuite assez surréaliste. Aujourd’hui encore, c’est la même chose.
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Je me souviens ne pas être encore née. Oups :p
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Ça arrive… et heureusement. 😊
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les radios libres sont devenues des radios commerciales (NRJ etc).
Mais ces années-là furent aussi l’éclosion de la BD « libre », des fanzines, des mensuels (L’Echo des Savanes, Fluide glacial, Métal hurlant, A suivre, Actuel (en partie), Pilote etc). Que tout cela semble loin !
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Cela paraît loin mais il ne s’agit que d’hier.
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yeaahhh voilà un article qui swing ! ça groove, ça move, ça danse, baby ! Ohhhhhhh !
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Oh yeah ! 😎
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en 1968 ??? mes 18 ans, c’est tout dire !!! et le bac, et un voyage à Londres (Portobello, Carnaby st.) et tout ce renouveau !!! même avec l’âge, aucun regret d’être née en 1950 : personne ne peut plus vivre une époque aussi riche que celle qui nous a vu grandir !
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C’est joliment bien dit ! Nous sommes des enfants du 20eme siècle. Il y en a eu des « révolutions »… et des libérations.
😊
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Cela s’applique aussi à moi
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Merci Luisa
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🙂
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je ne regrette pas d’avoir quitté mes études pour vivre la musique outre manche à fond, de 78 à 83 , même en y faisant de petits boulots pas folichons 😁
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C’est certain. A cette époque, punk et post-punk, les Britanniques ont su créer une musique d’avant-garde renouvelant le rock, en profondeur. Il y avait dans l’air un je-ne-sais-quoi de créatif, de naïf avec l’espoir d’un monde encore à dessiner avec comme ressort un fort sentiment de liberté. « Punk is not dead »
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Les années » disco »…Nous avons tellement dansé sur ces » hits » à la mode…
Une époque nostalgique des discothèques et » la fumée à couper au couteau » C.Aznavour
Je me souviens de celle-ci : » I love to love » …https://www.youtube.com/watch?v=seu2xuMQnIA…
Et bien d’autres…
Merci John pour ces souvenirs heureux….
Bonne soirée
Manouchka
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Bonsoir Manouchka,
Tina Charles, cela faisait longtemps. Une époque où la loi Evin n’avait pas encore sa place… Une époque plus légère même si les problèmes économiques commençaient à pointer leur nez.
Excellente soirée.
John
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Oui, l’ époque d’une société encore inconsciente des effets du tabagisme sur la santé…Heureusement que ça a changé…
Amitiés
Manouchka
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Pour le tabac, c’est certain… Parfois, et par excès de nostalgie, je trouve qu’il manque un soupçon de décontraction à notre époque.
Amitiés
John
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Ils se relâchent d’une autre façon …
C’est certain qu’ils auraient avantage à vivre un peu plus dans le moment présent ; plus d’écoute, plus de sérénité, plus de santé…etc.
Merci et à bientôt
Manouchka
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A bientôt Manouchka
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Merci beaucoup pour ce bon moment de Nostalgie.
Quelles fussent en Béton ou bien Primitive, toutes ces Nova ont depuis malheureusement explosé sous la pression du Web, nouvel espace de diffusion débridé et tous azimuts. Déjà à l’époque la Télévision (et ses Talking heads) au son de MTV menaçait sérieusement ces modulations de fréquence. Vidéo killed the radio stars d’aucuns prétendaient à l’époque…
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Oui, les Buggles avaient raison pour la radio. Je ne sais pas si le web pourra donner vie à une époque riche en création musicale et artistique.
Merci de vos mots
😊
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Avalanche de souvenirs ;o)
Merci pour le voyage dans le temps !
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Avec plaisir. 😊
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Tu me renvoies au joli temps où je jouais aussi à ça, sur des radios locales …
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Parfois, cette période me manque vraiment.
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Désormais, notre avenir est derrière nous …
https://asimon.eu/blog/poesie/voyage-2/
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Superbe texte André. J’espère tout de même qu’il y aura un avenir pour nous demain. La nostalgie et la mélancolie me guettent souvent mais heureusement, cela n’arrive 0as tous les jours.
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