(Réédition)
Ainay, sa basilique romane, ses rues peu agitées où le passant prend le temps de s’arrêter devant la vitrine toujours superbement bien mise en valeur du brocanteur antiquaire de la rue Vaubecour ou tout simplement d’entrer dans la boulangerie la plus proche, échanger quelques amabilités avec la patronne, puis ressortir pour aller à quelques pas de là acheter son kilo de poisson bien frais… En face, la galerie d’art expose les tableaux du peintre du moment tandis que les lycéens de la rue Saint Hélène s’agitent sur la place Antoine Vollon – autour de la fontaine – , fument une clope, se marrent pendant les intercours, vivent tout simplement leur jeunesse d’ado avec bonheur et une liberté toute retrouvée – masque sous le menton…
Ainay, un mercredi soir du mois de septembre vers 20 heures 30, sur la terrasse accueillante d’un bar du 13 de la rue Vaubecour : ti-punch, planches de fromages ou de charcuterie, frites, acras ; l’apéro peut commencer pour les uns, se terminer pour d’autres qui reprendront le chemin de la maison, parfois en titubant un peu ou en sifflotant un air d’antan, le coeur légé, libérés des contraintes d’une journée un peu lourde à digérer. Il faut bien dire que la météo y est pour beaucoup dans cette nonchalance estivale. Il a fait un superbe temps depuis le début de la semaine : bermuda, t-shirt, lunettes de soleil, coquillages et crustacés, sur la plage abandonnée… l’été est enfin arrivé ! Pour l’heure, l’instant est à la détente, à la flânerie, à la décontraction d’un esprit resté souvent trop longtemps confiné, étouffé par la solitude de télé-relations numériques et chimériques. L’été est enfin arrivé ! Il fait encore vraiment bon. Et c’est bon… tout simplement.
Ce soir, la rue est animée. Ca remonte de la rue du Plat. Ca redescend de Vaubecour en direction de Bellecour, ça piaille, ça papote, ça prend son temps et l’apéro en terrasse… On entend même les clameurs des étudiants de UCLY assis en terrasse également du côté de la place Carnot parvenir jusqu’à nous tandis qu’un doux vent s’est engouffré dans la rue et vient caresser avec légèreté le visage des personnes attablées autour d’un verre alors que la nuit semble pointer le bout de son nez de plus en plus tôt ces temps-ci. Ainsi vont les saisons, l’une chassant l’autre en douceur ou parfois violemment à gros coups de matins gelés et de pare-brise à dégivrer du jour au lendemain.
Mais ce soir, ça sent la vie qui pétille dans les veines de toute une population cherchant à prolonger un peu l’été à coup de pressions et mojitos, de dragues décomplexées et d’envies de s’éclater ou d’avoir enfin une vraie vie d’étudiant digne de ce nom. Des jeunes vieux – des trentenaires – se prennent encore pour des ados ; des vrais vieux se prennent quant à eux pour des jeunes, picolent comme de vieilles cloches et vont pisser toutes les trente secondes, la main tremblant et n’oubliant pas d’arroser généreusement la cuvette des WC. Mais ce soir, « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles », mesures barrières comprises et pass sanitaire en poche… ou pas.
John Ibonoco
Ainay, its Romanesque basilica, its quiet streets where the passer-by takes the time to stop in front of the shop window of the antique dealer of the rue Vaubecour or simply to enter the nearest bakery, to exchange a few friendly words with the owner, then to go out to buy a kilo of fresh fish a few steps from there… Opposite, the art gallery exhibits the paintings of the painter of the moment while the high school students of the Saint Helene street move on the Antoine Vollon square – around the fountain -, smoke a cigarette, have fun during the inter-courses, simply live their youth with happiness and a newfound freedom – mask under the chin…
Ainay, one Wednesday evening in September, around 8:30 pm, on the welcoming terrace of a bar at 13 rue Vaubecour: ti-punch, cheese or charcuterie boards, French fries, acras; the aperitif can start for some, end for others who will go back home, sometimes staggering a little or whistling a tune from yesteryear, with a light heart, freed from the constraints of a day that was a bit heavy to digest. It must be said that the weather has a lot to do with this summer nonchalance. The weather has been great since the beginning of the week: Bermuda shorts, t-shirt, sunglasses, shellfish, on the abandoned beach… summer has finally arrived! For the time being, it is time to relax, to stroll, to relax a mind that has often remained confined for too long, suffocated by the solitude of digital and chimerical tele-relations. Summer has finally arrived! The weather is still really good. And it’s good… just good.
This evening, the street is animated. It goes up from the rue du Plat. It goes down from Vaubecour in direction of Bellecour, it chatters, it takes its time and the aperitif on the terrace… We even hear the clamors of the students of UCLY sitting on the terrace also on the side of the place Carnot to reach us while a soft wind rushed in the street and comes to caress with lightness the face of the people sat around a glass whereas the night seems to point the end of its nose earlier and earlier these times. Thus go the seasons, one chasing the other gently or sometimes violently with big blows of frozen mornings and windshields to be defrosted overnight.
But tonight, it smells like life sparkling in the veins of a whole population looking to extend the summer with draught beers and mojitos, of uninhibited flirting and desires to have fun or to finally have a real student life worthy of the name. Young old people – thirty years old – still think they are teenagers; real old people think they are young, drink like old bums and go to pee every thirty seconds, their hand shaking and not forgetting to spray the toilet bowl generously. But tonight, « everything is as good as it can be », including barrier measures and a health pass… or not.
John Ibonoco