EXTREME-ORIENT
I
Le fleuve au vent du soir fait chanter ses roseaux.
Seul je m’en suis allé. – J’ai dénoué l’amarre,
Puis je me suis couché dans ma jonque bizarre,
Sans bruit, de peur de faire envoler les oiseaux.
Et nous sommes partis, tous deux, au fil de l’eau,
Sans savoir où, très lentement. – O charme rare,
Que donne un inconnu fluide où l’on s’égare !…
Par instants, j’arrêtais quelque frêle rameau.
Et je restais, bercé sur un flot d’indolence,
A respirer ton âme, ô beau soir de silence…
Car j’ai l’amour subtil du crépuscule fin ;
L’eau musicale et triste est la soeur de mon rêve
Ma tasse est diaphane, et je porte, sans fin,
Un coeur mélancolique où la lune se lève.
Albert Samain (1858 – 1900), Extrême-Orient part. I in Au jardin de l’infante, 1893, est un poète français symboliste, influencé par Charles Beaudelaire. Il collaborera notamment au Mercure de France et à la Revue des deux Mondes.
THE EXTREME ORIENT
I
An evening music in the reed was heard.
I went to the river alone. I freed the painter,
I laid me down in the junk was never a quainter,
Noiselessly, not to startle any bird.
And the junk lay in the water like a pillow,
And where it glided knew not. O beyond saying
The charm to be on unknown waters straying!…
And sometimes I bent back the bough of a willow.
And breathed, upon a wave of indolence rocked,
Thy soul, thou evening no sound-shiver shocked,
For subtly I do love the twilight air;
And sister of my dream sad water that sighs is,
Diaphanous my cup is, and I bear
A melancholy heart where the moon rises
Texte traduit par : Jethro Bithell
Albert Samain (1858 – 1900), Extrême-Orient part. I in Au jardin de l’infante, 1893, is a French symbolist poet, influenced by Charles Beaudelaire. He contributed to the Mercure de France and the Revue des deux Mondes.
Attention ! Baudelaire…
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