When I was a singer

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(Réédition)

 » A Michel Delpech « 

MA PAUVRE CECILE

Michel Delpech – Quand J’Étais Chanteur
The Rebels of Tijuana – Quand j’étais chanteur

Parfois, au détour d’une matinée quelconque, pluvieuse, grise, morose comme il y en a tant dans une vie qui a oublié qu’elle existait, respirait, riait, chantait, il suffit juste d’un mot, d’un p’tit mot, d’une pensée égarée pour humer dans l’air cette senteur d’un passé qui n’était encore que jeunesse à peine éclose…

Ou encore, au détour d’une journée perdue, gaspillée où l’ennui est roi, il y a soudain cette voix, cette voix depuis longtemps oubliée, sortie d’outre-tombe, et posée sur un air de musique. Un air que l’on reconnaît instantanément avant même que le titre du morceau n’apparaisse clairement à notre esprit encore noyé dans ses propres pensées comme dispersées par le vent ravageur, dévastateur d’une période où toute magie a disparu à de la Terre… pour revivre et sentir de nouveau son coeur battre au rythme des fols espoirs des lendemains insouciants et prometteurs…

Parfois encore, il suffit d’entendre simplement quelques notes libérées négligemment par les enceintes d’un vieux transitor ou d’une vieille chaîne HiFi pour « re-sentir », ressentir, sentir à nouveau la douce chaleur d’un instant du passé, les vibrations nocturnes d’un été dont les nuits s’étireront sans fin jusqu’à l’aube, une aube qui gardera dans ses draps les senteurs moites et salées de tes lèvres encore entrouvertes…

Puis un jour, sans réelle raison, la p’tite musique s’arrête et cesse de libérer ses notes, ses couleurs, sa sensualité, sa volupté dans cet air ambiant qui ne veut plus d’elles. Alors, « ma pauvre Cécile » je me retourne sur ma vie et j’me disque tout est passé bien trop vite sur nos folies d’hier, sur nos désirs, nos rêves éveillés, et sur nos corps encore vierges de toute douleur. Les rêves ont cédé leur place aux désillusions.

Aujourd’hui ? « j’ai mon rhumatisme qui devient gênant ».

Aujourd’hui ? « j’ai soixante-treize ans, je fais d’la chaise longue et j’ai une baby-sitter. » Putain ! c’est nul ! Je m’fais chier comme un rat mort, j’m’emmerde, j’attends la fin de la journée comme j’attends la mort. Comme un vieux con !

« Pour moi, il y a longtemps qu’c’est fini
J’comprends plus grand’chose, aujourd’hui
Mais j’entends quand même des choses que j’aime
Et ça distrait ma vie »

John Ibonoco

« To Michel Delpech

MY POOR LITTLE CECILE

Michel Delpech – Quand J’Étais Chanteur
The Rebels of Tijuana – Quand j’étais chanteur

Sometimes, in the course of any morning, rainy, gray, gloomy as there are so many in a life that has forgotten that it existed, breathing, laughing, singing, it only takes a word, a little word, a lost thought to smell in the air this scent of a past that was still only youth barely hatched …

Or again, at the bend of a lost, wasted day where boredom is king, there is suddenly this voice, this long-forgotten voice, coming from beyond the grave, and set to a musical tune. An air that we recognize instantly even before the title of the piece appears clearly to our mind still drowned in its own thoughts as scattered by the devastating wind, devastating of a period when all magic has disappeared from the Earth … to relive and feel again his heart beating to the rhythm of the wild hopes of the carefree and promising tomorrows.

Sometimes still, it is enough to simply hear a few notes carelessly released by the speakers of an old radio stationor an old HiFi system to « re-sense », to feel, to feel again the soft warmth of a moment of the past, the nocturnal vibrations of a summer whose nights will stretch endlessly until dawn, a dawn that will keep in its sheets the moist and salty scents of your still half-open lips…

Then one day, for no real reason, the little music stops and stops releasing its notes, its colors, its sensuality, its sensuality, its voluptuousness in this ambient air that no longer wants them. Then, « my poor Cecile », I look back on my life and I tell myself that everything has passed far too quickly on our madness of yesterday, on our desires, our waking dreams, and on our bodies still free of pain… Dreams have given way to disillusionment.

What about today? « I have my rheumatism which is becoming embarrassing.

Today? « I’m seventy-three years old, I’m in a deckchair and I have a babysitter. « Fuck! That sucks! I get pissed off like a dead rat, I’m bored, I wait for the end of the day like I’m waiting for death. Like an old fuck!

« For me, it’s been over for a long time
There isn’t much I understand today
But I still hear things that I like
And it’s distracting my life. »

John Ibonoco

22 commentaires Ajouter un commentaire

  1. j’aime bien cette petite note humoristique (Aujourd’hui ? « j’ai mon rhumatisme qui devient gênant ».)
    Bonne soirée 🙂

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Gyslaine,
      Et ça fait mal. 😉
      Bonne soirée
      Amitiés
      John

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      1. Je n’en doute pas 🙂

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  2. princecranoir dit :

    Hommage à Delpech, ou à Cécile de France ? 😉

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    1. ibonoco dit :

      Au grand Michel et le Loir et Cher

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  3. elvira797mx dit :

    Sounds so beautiful, thank’s for share. Keep well.
    Merci, bonjour.
    Elvira

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    1. ibonoco dit :

      Thank you Elvira.
      Take Care
      John 😀

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      1. elvira797mx dit :

        You are welcome, John.
        You as well. 😀
        Elvira

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        1. ibonoco dit :

          Thank you 😀

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        2. elvira797mx dit :

          You are welcome 😀

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  4. marie dit :

    Réponse à toi John, ainsi tu as des rhumatismes comme dans la chanson? ou bien ce n’est que la projection de ce sera demain? Pour moi, c’est bon, les « vieilles douleurs sont là, chantant en sourdine mais parfois comme aujourd’hui , elles accélèrent le tempo, et boum et boum dans mon dos et tape dans ma « p’ôvre tête » ma migraine d’été, la chaleur la réveille instantanément , quel tintamarre, quel concert de fausses notes, je pense que c’est ce que l’on nomme « la vieillesse » , alors « plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes a écrit Jean de la Fontaine, alors je souffre (mais d’autres bien plus qu moi) certes mais au moins je VIS bisous bon après-midi MTH

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    1. ibonoco dit :

      Réponse à Marie :
      Je ne souffre pas encore beaucoup mais le temps blanchit mes tempes.
      Oui plutôt souffrir que mourir à condition que cela supportable Marie.
      Bisous
      Amitiés
      John

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  5. marie dit :

    Bonsoir John c’est très bien d’avoir les tempes qui blanchissent pour un homme c’est un plus, pour une femme un moins bien que maintenant on revendique haut et fort nos cheveux gris et blancs , moi la première. Bisous bonne soirée MTH

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Marie,
      J’ai eu du mal mais à présent je m’y fais… pour le moment 😉.
      Bisous
      John

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  6. marie dit :

    Tu as intérêt à t’y faire car autant les hommes aux cheveux blancs , gris ne me dérange pas , au contraire cela donne un côté très « homme vieillissant  » qui s’assume, je t’assure que chez mon ancienne coiffeuse on voyait un homme qui venait se faire teindre les cheveux , c’était HORRIBLE, à éviter absolument , bon, tu fais ce que tu veux, c’est juste mon avis LOL Bisous bonne soirée MTH

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    1. ibonoco dit :

      Tu as raison Marie. C’est exactement ce que l’on me dit chez moi. Et puis, vieillir est naturel.
      Bisous Marie 😉
      Amitiés
      John

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  7. La musique nous fait voyager dans un passé qui soudain est très présent. Ton texte me touche beaucoup. Tu décris très bien ces moments de morosité, pleins de question, de nostalgie. Malgré tout, cette petite flamme qui sommeille en nous se ravive à l’écoute de quelques notes, un parfum, un goût, ou que sais-je… ! Chacun à son propre univers de souvenirs, n’est-ce pas ? Un trésor intime et unique à chacun.
    Merci, John pour ces mots à la fois doux, tendres et mélancoliques, mais dont la douleur n’est pas loin.
    Je t’embrasse et te souhaite de belles journées, pleines de musique 🙂
    Amitié.
    Dom

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Dom,
      Tu as très bien ressenti et compris les émotions, les sentiments qui peuvent animer une personne à certains moments de sa vie. Et la musique tient une grande place dans la mienne. Elle est ce lien qui me relie dans le temps à toutes ces personnes que j’ai pu être, de l’enfance à l’âge adulte, et à toutes ces personnes connues ou inconnues qui m’ont tant donné. C’est vrai que la mélancolie affleure à chacune des lignes de ce textes. C’est vrai.
      Merci Dom 😀
      Amitiés
      Bizzz
      John

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      1. Il m’arrive de penser que la mélancolie est la musique de l’âme, l’empreinte indélébile du vécu. La signature que déposent nos souvenirs. Ce n’est pas forcément triste mais souvent empli de chaleur. Au final c’est plutôt bon signe 😊 Ça prouve que nous ne sommes pas indifférents à la vie et à tout ce qu’elle nous apporte.
        Bonne soirée, John et Bizzzz de Dom

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        1. ibonoco dit :

          Je n’avais jamais pensé la mélancolie ainsi : c’est une bien belle manière de la définir. 😀.
          Merci Dom. Tes mots résonnent particulièrement en moi.
          Amitiés
          John

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        2. Comme les tiens en moi 🙂

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        3. ibonoco dit :

          Merci Dom 😀

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