(Réédition)
Home sweet home
Maxime Le Forestier – San Francisco
J’ai cherché longtemps. J’ai cherché longtemps une maison. Je voulais une maison avec une cheminée, un jardin, et une grande cuisine avec en son centre une belle grande table. Une grande table, longue avec tout plein de chaises autour. Des chaises pour recevoir la vie, des invités, manger, rire, déconner, entendre les murmures de la joie quand celle-ci s’échappent des lèvres de tous ces visages radieux.
J’ai rêvé longtemps de ma vie. Quelle serait ma vie ? Allait-elle être plus difficile que celles de mes parents ? Je l’avais rêvée facile quant à sa sa manière de traverser les âges, le temps. Le travail serait une simple formalité, le mariage, une étape comme une autre, tout comme l’armée ou le permis de conduire, et les enfants, des étoiles dans le ciel.
J’ai payé pendant longtemps. J’ai payé pendant trop longtemps toutes ces foutaises… en persistant bien trop souvent dans l’erreur. Être un hidalgo, être fier quand on a tort, cela fait du bien mais c’est surtout très con. Mais moi, je voulais une maison, une grande maison, ouverte, pour entendre les autres discuter, boire un coup avec eux, avec une chambre pour chacun des enfants.
J’ai une grande maison. Elle est presque vide. Les gens sont partis. Ils sont tous partis. Les enfants eux-aussi, une semaine sur deux. Même leurs amis ne viennent plus. Mais dans cette maison, j’ai trouvé une autre maison, bien plus grande, bien plus belle et généreuse. Une maison toute blonde avec des yeux verts, une maison avec un joli petit cul et des des seins magnifiques, bombés fièrement en avant. Et je n’oublie pas la beauté de sa peau, très claire, le soir, quand elle se tient près de la petite fenêtre de ma chambre, sous le toit.
Et dans cette maison, j’entends à nouveau le refrain de ces belles journées de printemps qui ne cherchent qu’à revenir nicher dans un des quatre coins de ma grande cuisine. J’arrive à nouveau à percevoir le cri des rires, la lumière et la chaleur des amitiés qui ne demandent qu’à entrer. J’entends les battements de son corps et la douceur de son être. Je reçois son amour avec bonheur même si parfois j’oublie que je peux voir. Elle m’a dit un jour : « Ce n’est pas la maison qui fait l’Homme mais l’Homme qui fait la maison. » Le voyage a été long, très long, plus de vingt ans. Aujourd’hui, je rentre chez moi, je rentre à la maison, enfin… C’est elle ma maison.
John Ibonoco
Home sweet home
Maxime Le Forestier – San Francisco
I looked for a long time. I looked for a house for a long time. I wanted a house with a fireplace, a garden, and a big kitchen with a nice big table in the middle. A big, long table with lots of chairs around it. Chairs to receive life, guests, to eat, to laugh, to have fun, to hear the murmurs of joy when it escapes from the lips of all those radiant faces.
I dreamed of my life for a long time. What would my life be like? Was it going to be more difficult than my parents’? I had dreamed it would be easy in its way of passing through the ages, through time. Work would be a mere formality, marriage a step like any other, just like the army or the driver’s license, and children, stars in the sky.
I paid for a long time. I have paid for too long for all this bullshit… by persisting far too often in the error. Being a hidalgo, being proud when you’re wrong, it feels good but it’s mostly very stupid. But I wanted a house, a big house, open, to hear others talk, to have a drink with them, with a room for each child.
I have a big house. It’s almost empty. People have left. They are all gone. The children too, every other week. Even their friends don’t come anymore. But in this house, I found another house, much bigger, much more beautiful and generous. A house with blonde hair and green eyes, a house with a nice little ass and beautiful breasts, bulging proudly in front. And I don’t forget the beauty of her skin, very clear, in the evening, when she stands near the small window of my room, under the roof.
And in this house, I can hear again the refrain of those beautiful spring days that are just looking to come back to nest in one of the four corners of my big kitchen. I can once again hear the cry of laughter, the light and warmth of friendships just waiting to come in. I hear the beating of his body and the softness of his being. I receive her love with happiness even if sometimes I forget that I can see. She told me one day: « It is not the house that makes the Man but the Man that makes the house. « The journey has been long, very long, more than twenty years. Today, I am going home, I am going back home, finally… She is my home.
John Ibonoco
La seule maison qu’un homme refusera toujours de construire, c’est sa tombe.
Ce texte porte toutes les espérances, mais aussi le vide irrémédiable que laissent les enfants quand ils en sont partis, que les grandes tables prennent tout l’espace des couples solitaires, quand la jeunesse emplit d’autres maisons de semblables instants de vie. Mais pourtant rien n’est triste : les enfants agrandissent nos vies en bâtissant les leurs.
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Bonjour Karouge,
Ô combien ta conclusion est juste : « les enfants agrandissent nos vies en bâtissant les leurs. » C’est ce que nous espérons tous.
Et parfois, au détour d’un incident de vie, les jours reviennent difficiles puis vient une embellie : une belle rencontre.
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Bonjour John un texte magnifique, une belle déclaration d’amour. Bisous bon lundi MTH
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Bonjour Marie,
Merci de tes mots. Les mots sont parfois plus faciles à écrire qu’à dire 😉
Amitiés et bisous
John
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Une belle histoire!
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Merci Marie-Christine
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Super, ce texte, John,
Bon mercredi,
Amitiés 😘
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