(Réédition)
COMME ON DÉROBE UNE PASTÈQUE
Comme sur une charrette on dérobe une pastèque
Je voudrais chiper la lune avant qu’il ne fasse jour,
L’emporter sous ma chemise et la sentir sur ma peau
Et vagabonder ainsi la main au fond de ma poche
Chantonnant et sifflotant – moi le luron lumineux.
Les ruelles, les marchés, les tavernes, les asiles
Écoutent comment mon corps joue et chante tout à coup.
Et jouant ma sérénade et chantant je le conduis
Par les rues comme le dit le Cantique des Cantiques,
Mais je suis tombé soudain parmi les veilleurs de nuits,
Ils m’ont cogné tour à tour, coups en pluie et coups en grêle.
M’ont fait saigner, m’ont blessé, battu à mort parce que
Comme sur une charrette on dérobe une pastèque
J’ai chipé la lune avant que le jour ne soit levé
L’emportant sous ma chemise à la chaleur de ma peau
Et vagabondant ainsi la main au fond de ma poche,
Chantonnant et sifflotant – moi le luron lumineux.
יעקבֿ שטערנבערג, Jacob Sternberg, Yankev Shternberg (1890 – 1973) est un poète de langue yiddish né à Lipkany, en Moldavie (ancienne Bessarabie). A partir de 1913, en Roumanie, il exercera ses talents de diverses manières. Il sera ouvrier dans une usine, souffleur de théâtre et instituteur. Sternberg prendra la direction d’un théâtre satirique yiddish qu’il animera en tant qu’auteur et metteur en scène. Il faudra attendre 1935 pour qu’il publie son premier volume de poèmes : La villa en profil. En 1940, Sternberg s’installera en Bessarabie, mais devra rapidement fuir devant les nazis en Ouzbékistan. En 1945, il sera de retour pour diriger le théâtre yiddish de Kishinev, capitale de la République de Moldavie soviétique. Etant membre du Comité antifasciste juif de Moscou, il sera arrêté en 1948 et passera cinq ans dans un camp de travail en Sibérie. A la mort de Staline, il sera réhabilité.
LIKE STEALING A WATERMELON
Like on a cart, a watermelon is stolen.
I would like to steal the moon before it gets light,
Take it under my shirt and feel it on my skin
And so wander the hand at the bottom of my pocket
Singing and whistling – me the luminous cheerful chap..
The alleys, the markets, the taverns, the asylums
Listen to how my body suddenly plays and sings.
And serenading and singing I lead it
Through the streets as the Song of Songs says,
But I suddenly fell among the night watchmen,
They hit me in turn, rain and hail.
They made me bleed, they wounded me, they beat me to death because
Like on a cart, a watermelon is stolen.
I stole the moon before the day was up
Taking it under my shirt to the warmth of my skin
And wandering with my hand at the bottom of my pocket,
Singing and whistling – me the luminous cheerful chap.
יעקבֿ שטערנבערג, Jacob Sternberg, Yankev Shternberg, (1890 – 1973) iis a Yiddish-speaking poet born in Lipkany, Moldavia (former Bessarabia). From 1913, in Romania, he will exercise his talents in various ways. He will be a factory worker, theater blower and teacher. Sternberg will take the direction of a Yiddish satirical theater that he will animate as author and director. It was not until 1935 that he published his first volume of poems: Shtot in profil. In 1940, Sternberg will settle in Bessarabia, but will quickly have to flee before the Nazis in Uzbekistan. In 1945, he returned to direct the Yiddish theater in Kishinev, capital of the Republic of Soviet Moldavia. As a member of the Jewish Antifascist Committee of Moscow, he was arrested in 1948 and spent five years in a labor camp in Siberia. After Stalin’s death, he was rehabilitated.
Voilà qui me rappelle un souvenir personnel. Quand j’étais gamin, dans une cité HLM en construction d’Angoulême (la cité Bel Air), j’avais volé un boulet de charbon dans un des sacs stockés sur le camion du charbonnier. Le type m’a aperçu de loin et j’ai couru plus vite que jamais me refugier dans l’appartement de mes parents. Cinq minutes plus tard, le gars frappa à la porte: » bonjour madame, vous n’auriez pas vu un gamin qui aurait couru dans l’immeuble? » (j’étais planqué et tremblant derrière la porte de la salle d’eau). Ma mère répondit par la négative, et l’homme repartit. Elle et lui savaient-ils la vérité? Je pense que oui. Mais depuis ce larcin, chaque fois que je voyais arriver dans la cité le charbonnier et son camion rempli de sacs de charbon, je m’enfuyais à toutes jambes, allant me cacher dans les étages des immeubles en construction. Depuis, je n’ai pas même volé une craie à mes maîtresses d’école (de la vie) dans la rigole en bois sous le tableau noir qui m’observait chaque jour, menaçant de me châtier en me déclarant dernier de la classe. Finalement, cinquante ans plus tard, j’ai admis que j’étais vraiment devenu le dernier…mais avec de la classe
Bonne journée maître John !
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Bonjour Karouge,
« Qui a volé, a volé… »
Je te remercie sincèrement de nous avoir relaté des souvenirs de ton enfance. Et si bien relatés. J’adore ces fragments de vie, intimes et à la fois simples qui mis bout à bout font toute une vie.
Bonne soirée mon amie.
Amitiés
John
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A mie..de pain ! 😉
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Bonjour John, c’est un texte qui me plaît bien , volé la lune , c’est un rêve impossible, mais comme c’est un rêve tout est permis. bisous bon après-midi MTH
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Bonjour Marie,
Je crois que nous avons besoin de rêver en ce moment. . Pour rêver, je serais prêt à décrocher la lune moi aussi la lune 🌙.
Bisous Marie
John
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Magnifique partage, John ! J’💗 beaucoup ! 🌛 Bon matin de ce dimanche ! Amitiés 😘
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Merci Colette,
Bon dimanche 😊.
Amitiés
John
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