Un matin pluvieux de février… Un tout petit matin pluvieux comme il y en a tant dans une vie, une vie qui peu à peu perd ses couleurs, se ternit avant de s’éteindre totalement délavée parce qu’il a trop plu alors qu’il faisait déjà beau dehors. C’est un matin avec un petit air, un air humide, sans odeurs ni saveurs particulières ; il ne fait ni chaud ni froid. Le ciel gris, lui, retient ses doux flocons immaculés – peut-être un peu trop légers en ce début d’année – et libère par milliers ses gouttes de pluie sur nos têtes encore engourdies des rêves de la nuit.
Elles tombent, tombent, tombent toujours plus, toujours plus bas, toujours plus vite tout en tentant de s’accrocher frénétiquement aux manteaux des passants. Elles rebondissent sur la toile des parapluies, ruissellent sur les mentons, dégoulinent… mais elles n’ont aucune envie de finir éclatées sur le bitume ou écrasées sous les talons de toutes ces personnes s’éparpillant sur les trottoirs à huit heures du matin.
Le trottoir ? C’est le terminus, la destination finale de la caste des invisibles, de ceux que l’on regarde sans vraiment voir parce que l’on n’a pas le temps. Le trottoir, c’est la fin d’une trajectoire, et en terme de dégringolade, on ne peut guère se fracasser plus bas : caniveaux, égouts, stations d’épuration puis retour à l’envoyeur. C’est aussi le creuset d’un monde où tout un écosystème se développe au gré des intempéries, de la misère du ventre et du bas-ventre, des a-coups et sursauts économiques, des conflits sociaux et internationaux ou tout simplement d’un algorithme d’orientation scolaire défaillant…
Alors, en ce matin pluvieux de février, les petites gouttes de pluie tombent, tombent, toujours plus, toujours plus bas et plus vite. Elles ne cessent de tomber, rouler, glisser, de quitter le navire pour retrouver souvent une liberté éphémère. Le ciel qui les accueillait déborde, les nuages sont en surcharge et c’est la chute sur le trottoir, un peu comme cette histoire racontée dans le film La haine réalisé par Mathieu Kassovitz : « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. A chaque étage il se répète : « Jusqu’ici tout va bien. » « Jusqu’ici tout va bien.» « Jusqu’ici tout va bien. »… mais l’important c’est pas la chute : c’est l’atterrissage. »
Très beau texte. Et très belle chute (si je peux dire !)
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Merci. Pour la chute, j’étais encordé
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Merci. Pour la chute, j’étais encordé. Excellente journée
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Beau texte!
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Merci 😊
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C’est très beau. Merci pour cet angle de vue
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Merci à toi Sabra. Bonne journée 😊
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T’en souhaite de même
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Merci
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Un texte bien rythmé qui nous entraîne dans la chute de l’eau qui s’écrase sur les trottoirs. Une chute qu’elle essaye d’amortir en s’accrochant aux habits et aux parapluie des passants. Une fiction aux retombées négatives pour le bien être des citadins. Sauf que l’eau est source de toute vie. Parfois rare quand elle tombe du ciel, quand elle nous tombe sur la tête c’est une véritable aubaine. « Et nous avons fait de l’eau toute source de vie »( verset du coran) .
Un très beau texte. Dans les formes japonais et orientaux, l’eau est
un présage de bon augure. Bonne soirée IBONOCO;
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Merci Charef. J’espère que vous aurez raison s’agissant du présage de l’eau. Et j’aime la
description symbolique que vous faites à propos de l’eau, de la vie.
Je vous souhaite une excellente soirée Charef.
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On dit que c’est la Bretagne qui déverse des trombes d’eau, mais il semblerait que Lyon lui tienne la dragée haute. Et oui, ce matin seulement un beau soleil se reflétait si joliment sur le Rhône. Météo capricieuse autant que le sont nos humeurs changeant de perspective, de regard allant du soleil le plus ardent à une pluie et une grisaille incessante alors que rien n’a changé en réalité. J’allais dire que l’eau était porteuse de toute vie, mais Charef l’a déjà dit, donc je vais dire qu’après la pluie l’arc-en-ciel et les rayons dorés d’un magnifique soleil! En plus ça rime! Il nous faut juste être patients. Merci Ibonoco pour ce très beau texte sensible et profond mais qui mouille sec!
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C’est un texte que j’ai écrit en début de semaine… et il pleuvait comme il a plu tous les jours ces derniers jours. Aujourd’hui, nous avons enfin eu une journée magnifique. Cela fait du bien à l’âme…
Vous voyez, le temps m’a devancé – comme toujours.
Excellente soirée
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Insaisissable le temps et parfois on aimerait tellement qu’il ralentisse sa course pour nous laisser profiter encore un peu des instants de lumière solaire! Très belle soirée à vous.
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Merci et très belle soirée à vous également.
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Une grande sensibilité…à fleur de l’âme, à fleur de peau !
» Talk to me, like lovers do »….
Les mots de l’amour font disparaître bien des nuages…
Nous retiennent avant le saut fatal…
Bonne soirée John
Manouchka
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Désolée pour l’espace …Je pensais ne voir apparaître que le lien de la chanson…
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Que de souvenirs sur cette musique. Magnifique Annie Lennox !
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Merci Manoucka et merci pour le lien également.
Excellente soirée.
Amitiés
John
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En effet, c’est l’atterrissage qui importe.
Un beau texte !
Bon jeudi !
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Merci Colette. On va essayer d’atterrir en douceur ce jeudi matin.
Très bonne journée.
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Muy bueno ibonoco. Todo va bien…a pesar de todo. Un placer leerte.
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