Athanor quotidien
Bob Marley – Survival
Je me lève.
Pas en héros — en vivant qui choisit.
Le matin mord tôt :
bruit, écrans, visages pressés, petits mépris.
On propose la capitulation emballée “réalité objective”.
Je décline.
J’ouvre l’armure juste assez pour la lumière.
Je garde une colère — la juste — pour l’instant qui compte.
Dans l’athanor, je nourris le feu :
un rire clair, deux gestes nets, trois fraternités tenables.
Debout, mon frère.
Debout, ma sœur.
Debout — jamais sur la gorge de l’autre.
Qui a troqué nos rêves contre un badge magnétique —
qui a nommé prudence ce qui n’était que peur,
carrière ce qui n’était que carcan,
professionnalisme ce qui restait obéissance servile ?
Assez.
Liberté, souffle et espace dans les côtes.
Égalité, règle qui corrige l’angle mort.
Fraternité, étroit pont au-dessus du vide.
Si ça grince, bon signe : la charnière travaille.
Je pratique des insurrections minuscules :
regarder sans prendre,
dire non sans mépriser,
tenir sa parole comme on tient la rampe — pour monter.
Get up, stand up — mais sans folklore.
Aux armes intimes : non contre les autres,
contre nos renoncements.
Que la peur redevienne matière première,
que l’amour trempe le métal et le rende forgeable.
Le dormeur s’éveille.
On respire.
On range deux colères, on garde la plus utile.
On recommence — artisanat de soi.
Et que le jour nous trouve en train de faire œuvre.
John Ibonoco est écrivain-blogueur, créateur de News from Ibonoco, un espace d’écriture où fragments, poèmes, notes et musiques dialoguent au fil des jours. Ses textes, courts et précis, tiennent le cap d’une parole directe : dire le quotidien sans l’amoindrir, faire place à l’émotion sans emphase, ouvrir des passages entre l’intime et le monde. Il publie en français et en anglais, joue des deux langues pour affiner rythme, image et respiration. Le blog se lit comme un carnet en mouvement : séries récurrentes, portraits, traductions, pièces originales, parfois accompagnés d’images et d’inédits. Objectif assumé : écrire pour éclairer, relier, transmettre — pour donner du sens à ce que nous vivons, ici et maintenant.
Daily Athanor
Bob Marley – Survival
I get up.
Not a hero—just a living man who chooses.
Morning bites early:
noise, screens, rushed faces, small slights.
They offer surrender, shrink-wrapped as “objective reality.”
I pass.
I crack the armor just enough for light.
I keep one anger—the right one—for when it counts.
In the athanor I feed the fire:
one clear laugh, two clean gestures, three workable fraternities.
Stand up, brother.
Stand up, sister.
Stand—but never on someone’s throat.
Who traded our dreams for a swipe badge—
who called fear “prudence,”
a cage “career,”
and servile obedience “professionalism”?
Enough.
Liberty—air and room in the ribs.
Equality—the rule that corrects the blind spot.
Fraternity—a narrow bridge over the void.
If it creaks, good sign: the hinge is working.
I practice small uprisings:
to look without taking,
to say no without contempt,
to keep my word like a hand on the rail—so I can climb.
Get up, stand up—but skip the pageantry.
To the intimate arms: not against people,
but against our surrenders.
Let fear turn back into raw material;
let love temper the metal and make it forgeable.
The sleeper wakes.
We breathe.
We shelve two angers and keep the one that serves.
We begin again—craft of the self.
And may the day find us making work.
John Ibonoco
John Ibonoco is a writer-blogger and the creator of News from Ibonoco, a writing space where fragments, poems, notes, and music converse day by day. His texts—short and precise—hold to a direct voice: telling the everyday without diminishing it, giving room to emotion without excess, opening passages between the intimate and the world. He publishes in French and English, using both languages to refine rhythm, imagery, and cadence. The blog reads like a notebook in motion: recurring series, portraits, translations, original pieces, sometimes accompanied by images and previously unpublished work. The aim is clear: to write in order to shed light, to connect, to pass things on—so that what we live through, here and now, takes on meaning.