L’EMPREINTE
Je m’appuierai si bien et si fort à la vie,
D’une si rude étreinte et d’un tel serrement
Qu’avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s’échauffera de mon enlacement.
La mer, abondamment sur le monde étalée,
Gardera dans la route errante de son eau
Le goût de ma douleur qui est âcre et salée
Et sur les jours mouvants roulent comme un bateau.
Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir
Et la cigale assise aux branches de l’épine
Fera crier le cri strident de mon désir.
Dans les champs printaniers la verdure nouvelle
Et le gazon touffu sur les bords des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.
La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l’air ma persistante odeur
Et sur l’abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon cœur...
Anna de Noailles (1876 – 1933), in Le Coeur innombrable, 1901 ; romancière et poétesse française d’origine roumaine. Elle est une figure incontournable de son époque. Chez elle, on peut y croiser Edmond Rostand, Paul Claudel, Jean Cocteau… Elle sera la première femme commandeur de la Légion d’Honneur et reçue à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique…
THE IMPRINT
I will lean so well and so strongly to life,
With such a hard embrace and such a tightening
That before the sweetness of the day is taken from me
It will warm up from my embrace.
The sea, abundantly on the world spread,
Will keep in the wandering road of its water
The taste of my pain which is acrid and salty
And on the moving days rolls like a boat.
I will leave of me in the fold of the hills
The warmth of my eyes that have seen them bloom
And the cicada sitting on the branches of the thorn
Will shout the shrill cry of my desire.
In the spring fields the new greenery
And the bushy grass on the edges of the ditches
Will feel palpitating and fleeing like wings
The shadows of my hands which have pressed them so much.
The nature that was my joy and my domain
Will breathe in the air my persistent smell
And on the dejection of human sadness
I will leave the unique shape of my heart…
Anna de Noailles (1876 – 1933), in Le Coeur innombrable, 1901; French novelist and poetess of Romanian origin. She is a major figure of her time. At her home, one can meet Edmond Rostand, Paul Claudel, Jean Cocteau… She will be the first woman commander of the Legion of Honor and received at the Royal Academy of French language and literature of Belgium..
Bonjour John merci pour ce beau poème. Cela me calme car je viens d’écrire un article coup de gueule. bisous bon après-midi MTH
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Bonjour Marie,
Anna de Noailles a une très belle plume. On aimerait avoir juste quelques secondes un peu de son talent.
Ne t’énerve pas trop, cela ne sert à rien. Je passe mon temps à m’irriter… en vain.
Bisous Marie
Amitiés
John
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Joli poème !
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Oh que oui
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Beau poème d’Anna de Noailles !
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Bonjour Jean-Louis,
Cette dernière a su marquer le apoezie française de son empreinte.
Amitiés
John
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Merci
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Excellente poétesse, qu’Anna de Noailles. Merci du beau partage, John !
Bonne journée,
Amitiés 😘
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Bon mercredi Colette
Amitiés
John
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