Perrache

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Perrache

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Perrache, quartier de Lyon dont l’origine remonte à l’Ancien régime et au nom de famille de son promoteur Antoine-Michel Perrache, sculpteur et ingénieur de formation durant les années 60-70… au 18ème siècle.

A cette époque, Lyon est encore sauvage par certains côtés. Il reste à dompter ses rivières et repousser le confluent du Rhône et de la Saône vers le Sud pour que naisse la presqu’île de Perrache. D’autres quartiers comme celui des Brotteaux sont également insalubres et marécageux. On y meurt encore de la moindre petite fièvre ou d’un petit coup de vent et de froid sur les bronches… La modernité et l’hygiénisme marchent à grand pas sur la ville… la Révolution aussi. Cette dernière ne tardera pas à venir faucher quelques petites têtes qui dépassent, à se répandre en Terreur et vouloir effacer toutes traces de son existence. « Le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la république et portera désormais le nom de Ville affranchie ».

Perrache aujourd’hui… Une autre époque, une autre histoire, un autre air, une autre musique, la même presqu’île. Un quartier devenu tristounet avec sa gare ferroviaire d’un autre siècle, vieillotte, tout en long, aux commerces mourants de langueur et de manque d’air, avec ses couleurs ternies par une architecture où la pierre et la ferraille du 19ème se mêlent aux structures futuristes en béton des années 70 d’un centre d’échanges routier. Quand la modernité sans cesse dépassée devient laide, il ne reste plus grande-chose à faire sinon que de fuir en avant en espérant trouver un peu de beauté éphémère dans l’imagination d’un architecte visionnaire et moderniser encore…

Perrache du matin au soir : métro, boulot, dodo, police, migrants, mendiants, contrôleurs TCL, clodos, junkies, tramway, bus et autoroutes, tout y est. Entre le cours de Verdun et la place Carnot, frontière entre deux mondes d’un même arrondissement, tout un écosystème s’est développé au fil des décennies. Quand vient la nuit du côté de la place, une véritable cour des miracles apparaît et révèle la véritable pauvreté de la ville, les oubliés et les exclus, ceux que l’on ne regarde jamais. La pauvreté est peut-être contagieuse, ne sait-on jamais ? Durant la journée, des milliers d’âmes se croisent le temps d’un regard furtif, le pas rapide – toujours rapide – , le temps de disparaître emportées par les flots d’une marée humaine aux quatre coins de la capitale des Gaules. Des milliers de voix, de bruits, d’accents colorés, épicés, chauds s’élèvent vers le ciel pour disparaître dans le néant de l’anonymat.

Perrache, 19 heures 20, un soir de semaine comme un autre…il fait déjà nuit en cette fin février. De nombreux trains sont encore affichés sur le panneau des arrivées. Dans le hall de la gare, des voyageurs voyagent, des passants passent, des clodos dorment ou font la manche, des guetteurs guettent la police ou le client, de petits groupes de femmes et d’hommes papotent quelques minutes avant de se séparer. La journée de travail est terminée mais l’on sait encore prendre quelques instants avant de rentrer chez soi, bien au chaud, après une authentique journée de début printemps et ses giboulées alors que l’on est encore en hiver – celui-ci n’aura pas été très présent cette année.

Perrache, triste et vieux quartier, tu t’essouffles un peu plus chaque jour mais demain c’est promis, on s’occupera de toi.

31 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Denis Morin dit :

    Merci l’ami lyonnais. On y est plongé, le temps de la lecture de ces très beau texte dont le désenchantement est l’écho lointain et proche du nôtre…
    Très belle bande son aussi…
    Comme chante Gainsbourg « la nostalgie camarade… »
    Merci encore.

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    1. ibonoco dit :

      Merci Denis. J’apprécie ton commentaire sur le désenchantement et ma nostalgie…
      Excellent après-midi 😌
      Amitiés

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  2. Belle description, je ne connais pas mais on est dans l’ambiance!

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    1. ibonoco dit :

      Merci Marie-Christine. Le texte est très proche de la réalité. Mais le coin va être refait à neuf. Nous verrons ce que deviennent ces rénovations dans 20 ans.

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  3. My French is practically non-existant, so I have to rely upon a translation. But this is beautiful: Des milliers de voix, de bruits, d’accents colorés, épicés, chauds s’élèvent vers le ciel pour disparaître dans le néant de l’anonymat. »

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    1. ibonoco dit :

      Merci Fabienne. It’s vert nice. Thank you.
      Amitié
      John

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  4. Belle! Perrache, triste et vieux quartier, tu t’essouffles un peu plus chaque jour mais demain c’est promis, on s’occupera de toi.

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  5. baichette dit :

    C’est exactement ça Perrache. Tous les soirs et tous les matins pendant 2 ans fin des années 80. Rien n’a bougé….. terrible non?

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    1. ibonoco dit :

      En effet, rien n’a changé depuis fort longtemps. Mais des travaux sont prévus. Certains ont même commencé..

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  6. karouge dit :

    la faune qui règne dans les gares est un fait courant dans les grandes villes. Les villes moyennes n’ y regroupent que quelques clodos, des azimutés de tout bord, cas sociaux, ivrognes. Des gens qui voyagent plus dans leur tête que dans la réalité. Tous noyés dans la masse, presque invisibles pour ceux qui détournent le regard. Les gares ne sont plus symboles de départ, de voyage, de découverte, mais attente de transit. Plus de poésie, plus de dépaysement, seulement du transport de masse (et des retards quasi systématiques).

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    1. ibonoco dit :

      Tu as raison. Les gares sont symboles de transit, c’est le bon mot. C’est certain, plus de poésie, c’est la réalité brute…

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  7. Merci John pour cette visite dans ton univers Lyonnais.
    Sincèrement, je souhaite que l’on s’occupera bien de Perrache et qu’il brillera autant qu’il le mérite et ainsi devenir aussi séduisant que ses incontournables voisins. :
    https://belle.construction/2019/01/22/lyon/

    Bonne soirée
    Mes amitiés
    Manouchka

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    1. ibonoco dit :

      Merci Manouchka pour le lien de ce blog. Le Vieux-Lyon est très sympa à visiter mais attention à ses restaurants qui sont loin d’être bons pour beaucoup.
      Bonne soirée
      Amitiés
      John

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      1. OK…merci John…Quand je passerai à Lyon, je me souviendrai de cet avertissement…!
        Bon weekend
        Manouchka

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        1. ibonoco dit :

          Bon week-end Manoucka
          John

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  8. La dernière séance, jour du départ d’Agnes Varda, coïncidence émouvante

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    1. ibonoco dit :

      Oui, c’est une drôle de coïncidence et un clin d’oeil, un dernier à Agnès Varda.

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      1. Une confluence…merci pour ton éclairage sur la ville où je satellise en la connaissant bien peu

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        1. ibonoco dit :

          Merci Hélène,

          J’aime bien de temps à autre dépeindre un coin de Lyon, une époque ou une situation liée à ce lieu.

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  9. gibulène dit :

    Si ça peut consoler Perrache, Saint-Charles à Marseille a mis 1/4 de siècle à se rénover……. sans réussir vraiment sa reconversion en plus ! Je ne connais à Lyon que Part-Dieu et je suis surprise de sa fonctionnalité à chaque fois que j’y passe (affichages, escalators…. impossible de s’y égarer !!! sans compter le centre commercial y afférent ! Peut-être la Ville de Lyon ne peut-elle pas s’offrir toutes les rénovations en parallèle ? mais quand elle rénove, c’est bien fait !

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Hélène,
      Je crois savoir que le projet pour Perrache est très bien. Cela devrait réunir les deux parties d’un arrondissement séparé depuis 50 ans.

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      1. gibulène dit :

        wait and see John ! l’avenir est plein de surprises. L’un des quartiers les plus déshérités de Marseille (les docks et le Port de Marchandises) sont devenus le centre culturel et commercial et le poumon neuf de la ville ! tout est possible……

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        1. ibonoco dit :

          Oui mais il ne faudrait pas que les quartiers perdent leur âme.

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        2. gibulène dit :

          ça dépend desquels, John !

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        3. ibonoco dit :

          Nous verrons. Mais je ne suis pas inquiet. De beaux quartiers ont déjà été réhabilités.

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  10. Ada dit :

    Noël 2018. Villeurbannaise (pendant 20 ans) maintenant toulousaine (depuis 20 ans), je découvre avec stupeur sur mon billet que mon train s’arrête à Perrache (à cause des travaux à Part-Dieu), train qui aura 2 bonnes heures de retard, donc plus de métro… Je n’ai pas fait ma fière en voyant Perrache comme il y a 20 ans !

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Ada,
      Perrache devrait bientôt se moderniser. Il est prévu de gros travaux

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  11. colettedc dit :

    Je ne connais pas Perrache du tout mais, que tout se rénove pour le mieux !
    Bon week-end John !

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette.
      Merci d’apprécier. Un vieux quartier comme Perrache s’en remettra. De surcroît, un plan de réhabilitation est en cours.
      Bon week-end Colette.

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  12. Mallys dit :

    Belle description. Tout à fait ça ! Il y a un fort contraste entre Perrache et La Confluence. Bon samedi !

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