MON AMIE ALGOS – Aλγος

 

Neuf heures du matin seulement et déjà il se fait bien tard…

Une ombre épaisse recouvre lentement la chair tuméfiée
de tous ces jours d’attente, de prière et d’espoirs impossibles
comme une fraîche nuit d’automne jetant son voile épais
sur un été encore chaud, orageux mais fragile et sans avenir.

Depuis tant d’années, elle frappe et frappe à ma porte
lancinante et insidieuse, terrifiante et mortifère,
jouant avec mon impatience et s’accrochant à ma raison
comme une tique sur un corps offert à la mort.

Soudain ! par effraction et violemment elle entre,
ayant rompu la trêve et tué toute trace de sérénité ;
la douleur se fait enfin reconnaître comme telle
par une âme chancelante et durement éprouvée.

Et sans désemparer elle fredonne son petit air de fête,
toujours le même… elle, puissante et ivre d’avoir trop bu
à la coupe d’une souffrance impitoyable et quotidienne
comme une bête sauvage le sang bouillant de sa victime…

27 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Wow what a voice, I did forgot! 😉
    (waouh quelle voix, j’avais oublié). 😉

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    1. ibonoco dit :

      Sa voix a beaucoup changé avec le temps.

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  2. Lorsque l’homme est saisi de doute, de désespoir, il n’est plus de place pour le soleil et sa lumière, pour la nature et son frémissement, pour la vie et sa douceur. Pourtant, seul le regard change, puisque tout est pareil, tel que cela a toujours été et le restera. Cette poésie me touche beaucoup, m’attriste Ibonoco. Elle me fait me demander ce qui peut bien faire basculer un être d’un pôle joyeux, lumineux, aérien à son extrême opposé sombre, si triste, brisé sinon l’inconstance humaine, rien qu’humaine, René Char nous dit que les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons dans la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l’unité, et comme j’aime l’espérance et sa lumière, cette petite poésie de Cù Huy Cân douce et ouverte sur son immensité

    J’habite cette terre, je vis cette vie.
    La terre crée le vent pour le vol de l’oiseau.
    L’oiseau crée le vent pour agrandir les cieux.
    Et l’homme, connaissant la voie des ailes, ouvre
    largement ses bras.

    Le ciel et la terre sont immenses.
    On ne peut habiter partout.
    Le talent est un lieu de joie partagée.
    Ô vous tous, créateurs de beauté,
    Rassemblez-vous comme bûches ardentes dans un
    foyer pour ce feu de commune destinée.

    Merci Ibonoco pour cette sensible, profonde expression (chanson, poésie, illustration) même si je la trouve tellement triste, et si touchante

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    1. ibonoco dit :

      Tout d’abord, je vous remercie pour le poème – magnifique – de Cù Huy Cân, poète que vous me faites découvrir.
      Parfois, effectivement, tout peut basculer, la joie laissant la place à la tristesse, ce basculement révèlant notre impermanence dans la vie.
      La douleur quotidienne, la souffrance quotidienne sont deux réalités très personnelles qui changent l’esprit de l’être et son regard quand bien même celui-ci vivrait dans le plus beau des paradis terrestres…
      Comme Camus dans L’Envers et l’Endroit, je crois très sincèrement qu’il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. Et « habitant cette terre », je n’ai qu’une vie, une seule vie, celle que l’on m’a donnée un jour et fais avec… comme beaucoup.
      Je vous remercie également de votre bienveillance et de votre sensibilité.
      Je vous souhaite un excellent et beau samedi.

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  3. karouge dit :

     » elle, puissante et ivre d’avoir trop bu
    à la coupe d’une souffrance impitoyable et quotidienne
    comme une bête sauvage le sang bouillant de sa victime… »

    Mmhhh! ça donne soif!
    (signé : prince Dracula de chez FF Coppola)

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    1. ibonoco dit :

      Ne jamais oublier de boire un peu.

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  4. Le cri de Munch m’impressionne toujours autant.. excellente soirée à toi 🙂

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    1. ibonoco dit :

      Merci et excellente soirée.😊

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  5. Tant qu’il y a des émotions Ibonoco, il y a du mouvement, et le mouvement on le sait, est vie. L’amour de vivre va certes de pair avec le désespoir de vivre, et garder foi et confiance peuvent aider je crois à être plus serein, dans ce point d’équilibre à trouver. Ce qui est sûr en revanche, c’est que chacun fait de son mieux pour vivre la vie qui lui a été offerte, un don précieux à honorer malgré nos réalités et circonstances parfois difficiles. Je vous remercie Ibonoco et vous souhaite une très belle fin d’après-midi.

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    1. ibonoco dit :

      Le mouvement est la.vie.
      Et quant à l’espoir, un jour j’ai entendu cette phrase : « L’espoir et la confiance, le même bien, la même force. »
      Je me rappelle cette citation très souvent, citation que je me suis appropriée.
      Merci encore de votre bienveillance.
      Excellente soirée.

      Aimé par 3 personnes

      1. Merci d’enrichir la réflexion de votre perception, et de cette belle phrase qui n’est que bien et force j’en suis convaincue. Merci à vous Ibonoco et excellente soirée aussi

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        1. ibonoco dit :

          Merci à vous et belle fin de soirée.

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        2. Belle fin de soirée aussi

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        3. ibonoco dit :

          Merci à vous…

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  6. lampmagician dit :

    A reblogué ceci sur lampmagicianet a ajouté:
    I think that I don#t need to translate any … Merci beaucoup, cher ami

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    1. ibonoco dit :

      Thank you 😊

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  7. colettedc dit :

    Un désespoir si profond, devant cette immense souffrance, hélas !
    Bon dimanche.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette,
      Merci et bon dimanche.

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  8. gibulène dit :

    que dire de l’instinct de survie qui est en nous et qui nous pousse inexorablement à survivre malgré les douleurs et les peines ? et comment en venir à bout ?

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  9. giselefayet dit :

    On aimerait bien avoir les talents d’Hercule pour vaincre cette hydre qu’est la douleur .

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    1. ibonoco dit :

      Merci Gisèle,
      Peut-être qu’un hercule est en chacun de nous ?
      La douleur est bel et bien une hydre ; elle ne disparaît jamais réellement. Je vous remercie et vous souhaite un bel après-midi.

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  10. Jeanne Glaude dit :

    Ce texte me va droit au coeur cher ami, nous devons vivre cette même souffrance. Mais ensemble reprenons courage pour vivre encore en donnant beaucoup d’amour à notre entourage.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Jeanne-Claude,
      Je vous remercie de votre bienveillance. Le courage et l’amour sont indissociables lorsqu’il s’agit de circonscrire la douleur. Heureusement malgré tout que les jours passent mais ne se ressemblent pas tous.
      Excellente journée Jeanne-Claude

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  11. Elle frappe à ma porte bien trop souvent également … Ces deux derniers mois, j’ai recherché le sens de cette vie, bousculée par les questions existentielles qui tournent en boucle … j’ai peut-être un début de réponse que je vais essayer de publier bientôt. Amitiés.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Catherine,
      C’est un plaisir de vous revoir. J’attendrai votre article avec un intérêt particulier. Je pense que – comme beaucoup – nous recherchons un sens à cette vie. et j’essaie, en ce qui me concerne, surtout de donner un sens à mon quotidien.
      Je vous remercie Catherine d’avoir évoqué un sujet difficile.
      Amitiés et excellent dimanche.

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  12. Merci pour ce partage si poignant…

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    1. ibonoco dit :

      Merci de partager vos impressions.
      Excellente journée

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