
On ne s’y arrête pas ! On ne fait que la traverser du regard, en voiture ou en moto en se laissant prendre à son charme. Elle est là, à deux pas du béton de la ville, des routes et de l’autoroute, du bruit des moteurs, des sirènes, des klaxons, de l’agitation quotidienne des pas de l’homme pressé du matin. Elle est tout près, à peine à un ou deux kilomètres du dernier commerce, du dernier salon de coiffeur ou de massage, du dernier troquet PMU. Et pourtant, à chaque fois c’est le choc, un émerveillement spontané des sens, une explosion de la rétine. A chaque fois, c’est une redécouverte sauvage pour l’urbain que je suis, une immersion en un temps préhistorique où tout paraît encore intact voire irréel.
La Savane des Maures, on ne s’y arrête pas. Elle est restée telle quelle depuis si longtemps : une terre sauvage, féline, agressive et magnifique quand les rayons du soleil se couchent délicatement sur son sol. Sa faune s’agite discrètement sous les pins parasols ou à l’abri sous un rocher. Mis à part le chant continu des cigales, on ne la voit pas, on ne l’entend presque pas ; on ne peut que la sentir, la deviner ou l’imaginer. Quelques sourds battements d’ailes au sommet d’un chêne, quelques bourdonnements d’insectes sur une fleur, rien de bien visible, la survie ici est affaire de discrétion et de camouflage.
Le matin, à la fraîche, la flore s’excite en exhalant ses puissantes senteurs varoises, un mélange de résineux, de lavande des maures, de romarin, et de bruyère. Quand on entre dans la Savane, il y a bien en quelques endroits des rangées de pieds de vigne qui s’éparpillent deci delà. Le rosé est ici une espèce à part entière, on caresse la grappe de raison avec passion avant de la cueillir. Puis les pieds disparaissent peu à peu au milieu de la végétation et du maquis. Dans les airs, les feuillages et les branchages des pins parasols et des chênes-lièges offrent un dégradé de vert qui tranchent avec un sol sec, sablonneux marron rouge.
Quand approche la fin de l’été, que la soif se fait sentir au plus profond des racines, la flore se teinte alors d’un vert jaunissant éreinté par toutes ces brûlures de midi. Après chaque virage d’une route qui s’enfonce toujours plus au milieu de ce territoire quasi vierge, la civilisation semble disparaître totalement. Au milieu des pins qui étirent leurs branches à l’horizontal tout en cherchant à atteindre le ciel, on s’attend à voir apparaître un troupeau d’éléphants ou de girafes en route à la recherche d’un point d’eau. On s’attend à croiser le chemin d’un lion ou d’une panthère. « Mais où sont passées les gazelles ? Mais où sont passées les gazelles ? ».
John Ibonoco

You don’t stop! You just drive or ride your motorcycle through it, letting yourself be seduced by its charm. It’s there, just a stone’s throw from the concrete of the city, the roads and freeways, the noise of engines, sirens, horns and the daily bustle of the morning rush. It’s close by, barely a kilometer or two from the last shop, the last hairdresser’s or massage salon, the last PMU. And yet, each time it’s a shock, a spontaneous wonderment of the senses, an explosion of the retina. Each time, it’s a wild rediscovery for the urban dweller in me, an immersion in a prehistoric time when everything still seems intact, even unreal.
There’s no stopping at the Savane des Maures. It has remained unchanged for so long: a wild, feline land, aggressive and magnificent when the sun’s rays gently set on its soil. Its wildlife lives discreetly under the umbrella pines or sheltered under a rock. Apart from the continuous chirping of the cicadas, you can’t see it, you can hardly hear it; you can only smell it, guess at it or imagine it. A few muffled wingbeats at the top of an oak tree, a few insect buzzes on a flower, nothing very visible – survival here is a matter of discretion and camouflage.
In the cool of the morning, the flora gets excited by exhaling its powerful Var scents, a mixture of resinous trees, lavender, rosemary and heather. As you enter the Savane, there are rows of vines scattered here and there. Here, rosé is a species in its own right, and the grapes are passionately caressed before being picked. Then the vines gradually disappear amidst the vegetation and scrub. In the air, the foliage and branches of the umbrella pines and cork oaks offer a gradation of green that contrasts with the dry, sandy, reddish-brown soil.
As summer draws to a close, and the thirst of the roots deepens, the flora takes on a yellowing green, exhausted by the scorching midday sun. After every bend in the road, which runs deeper and deeper into this almost untouched territory, civilization seems to disappear altogether. In the midst of the pines stretching their branches horizontally as they reach for the sky, you expect to see a herd of elephants or giraffes on their way to a watering hole. We expect to cross paths with a lion or a panther. “Where have the gazelles gone? Where have the gazelles gone? »
John Ibonoco
❤️
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