Romantisme, toujours et encore…
Brigitte Bardot – La Madrague remix
L’été, la plage, la mer, le sable chaud et les doux rayons de soleil de fin d’après-midi sont propices à la réflexion et à l’observation. Les pensées vagabondent, le regard s’arrête et se pose sur des personnes, des enfants, des couples, des familles. En les regardant avec une attention bienveillante, en décodant leur fonctionnement et écoutant de loin le ton de leurs discussions, j’en viens souvent à me poser la même question : qu’attend la femme du 21ème siècle de l’homme en terme de romantisme ?
Le romantisme est à la confluence d’un triple rejet : honni par l’homme contemporain post soixante-huitard, décrié par les courants féministes de libération de la femme et vilipendé par les mouvements actuels de lutte pour la parité homme /femme. Pour rappel rapide, le romantisme est un mouvement culturel qui prend au début du 19ème siècle le contre-pied du rationalisme et du classicisme ambiant, il posture la passion et les vicissitudes de l’âme humaine au cœur de l’art.
Le romantisme, dans son essence, s’accommode mal du principe d’égalité puisque la figure romantique, qu’elle soit dans le texte littéraire, la peinture ou la sculpture, est articulée sur l’expression de sa propre intériorité, l’expression d’une intimité profonde, de sentiments non maîtrisés qui viennent d’un univers « tripale » où l’on s’engage, où l’on se dévoile, sans fausses pudeurs, quelque soit la réponse ou le retour de l’autre.
Le romantisme, tel qu’il est véhiculé dans notre culture populaire de l’après-guerre, notamment au travers des contes de fée racontés aux enfants ou des dessins animés de Walt Disney est assez prégnant dans nos éducations sentimentales. En effet, il met en exergue un homme dit prince charmant qui est fort, déterminé, qui est l’élément actif du binôme homme /femme, qui sauve ou préserve sa bien aimée de toutes les turpitudes de la vie présente et future. En contrepartie, la princesse s’en remet à lui pour la vie et scelle la promesse de créer une descendance. Cette « répartition des compétences » est bien loin du romantisme originel qui s’inscrit dans la désorganisation plutôt que dans l’ordre social ou la notion de bonnes mœurs. De surcroît, elle a de quoi donner de l’urticaire à l’homme et à la femme du 21ème siècle déjà soumis à tant de pressions de toutes natures et empreints de tant de doutes existentiels sur le couple, l’amour , la famille…
Pour autant qu’on le veuille ou non, la femme quadra ou quinqua d’aujourd’hui est en prise avec des contradictions que cette culture populaire a largement véhiculé voire accentué :
– Elle veut préserver son autonomie juridique, professionnelle et financière et « en même temps » rester la « princesse » qui est protégée et choyée par l’homme qu’elle a choisi ;
– Elle veut être maman, mère de famille tendre et attentionnée, parfaite maîtresse de maison et « en même temps » pouvoir compter sur une logistique partagée avec l’homme ;
– Elle veut rester libre de son corps, de sa sexualité, de son plaisir et de son apparence physique et « en même temps » plaire toujours et encore exclusivement à l’homme.
Si la femme d’aujourd’hui est d’abord dans la vérité des sentiments et ne raisonne pas ou plus en stratégie d’alliance patrimoniale ;
Si la femme d’aujourd’hui ne porte plus le nom de son conjoint, voire ne se marie plus ;
Si la femme d’aujourd’hui ne se mesure plus en nombre de carats contenus dans les bijoux offerts à l’occasion de ses épousailles ;
Si certaines femmes d’aujourd’hui ne revendiquent pas la fidélité ;
Si certaines femmes d’aujourd’hui partagent aisément leur parentalité avec d’autres partenaires ;
La femme d’aujourd’hui a assurément besoin de ce que les thérapeutes réapprennent à des kyrielles de couples : DE LA DÉMONSTRATION ET UN ZESTE DE ROMANTISME .
Oui ! il en va de la femme et de l’homme d’aujourd’hui comme de la Nation dans l’acception française de Ernest Renan : ils doivent pour être en cohésion avoir un certain sentiment d’appartenance et ma profonde conviction est que cela passe particulièrement par le côté démonstratif – ce que certains ou certaines qualifieraient aujourd’hui de « cul cul la praline .
Et quoi qu’en disent mes copines, nous avons besoin de nous sentir appartenir à l’homme – et vice et versa – , de sentir par des gestes d’affection ostentatoires et démonstratifs que nous sommes « sa » femme et non une simple amie comme les autres alors même que les signaux sociaux de l’ordre bourgeois se sont effacés comme l’alliance en bijou qui symbolise le lien juridique ou le nom marital devenu optionnel.
Et quoi qu’en disent les médias féministes, nous avons besoin d’attentions comme des fleurs ou autre cadeau qui agrémentent le quotidien alors même que certaines femmes gagnent plus d’argent que leur conjoint. Tout est question d’attention, tout est question de geste, tout est question d’émotions.
Voilà de quoi économiser de nombreuses séances de thérapie de couple…
Ibanaca
Brigitte Bardot – La Madrague remix
Summer, the beach, the sea, the warm sand, and the gentle rays of the late afternoon sun are conducive to reflection and observation. Thoughts wander, the gaze stops and rests on people, children, couples, families. As I watch them with benevolent attention, decoding their functioning and listening from afar to the tone of their discussions, I often find myself asking the same question: what does the woman of the 21st century expect from men in terms of romance?
Romance finds itself at the confluence of a triple rejection: scorned by the post-’68 contemporary man, criticized by feminist currents advocating for women’s liberation, and vilified by current movements fighting for gender parity. As a quick reminder, romanticism is a cultural movement that, at the beginning of the 19th century, countered prevailing rationalism and classicism, placing passion and the vicissitudes of the human soul at the heart of art.
Romanticism, in its essence, does not sit well with the principle of equality because the romantic figure, whether in literary text, painting, or sculpture, is articulated around the expression of one’s own interiority, the expression of deep intimacy, of uncontrolled feelings that come from a « tripal » universe where one engages, where one unveils oneself, without false modesty, regardless of the response or return of the other.
Romanticism, as conveyed in our post-war popular culture, notably through fairy tales told to children or Walt Disney cartoons, is quite prevalent in our sentimental educations. Indeed, it highlights a so-called Prince Charming who is strong, determined, who is the active element of the male/female pair, who saves or preserves his beloved from all the troubles of present and future life. In return, the princess relies on him for life and seals the promise to create offspring. This « division of competences » is far from the original romanticism which is more about disorganization than social order or the notion of good manners. Moreover, it is enough to give hives to the man and woman of the 21st century, already subjected to so many pressures of all kinds and fraught with so many existential doubts about couple, love, family…
Whether we like it or not, today’s woman in her forties or fifties is confronted with contradictions that this popular culture has widely conveyed or even accentuated:
– She wants to preserve her legal, professional, and financial autonomy and « at the same time » remain the « princess » who is protected and cherished by the man she has chosen;
– She wants to be a mother, a tender and caring family mother, a perfect homemaker and « at the same time » be able to rely on shared logistics with the man;
– She wants to remain free with her body, her sexuality, her pleasure, and her physical appearance and « at the same time » always and exclusively please the man.
If today’s woman is primarily in the truth of her feelings and no longer reasons in terms of patrimonial alliance strategy;
If today’s woman no longer bears her spouse’s name, or even does not marry anymore;
If today’s woman no longer measures herself by the number of carats contained in the jewels offered on the occasion of her wedding;
If some women today do not claim fidelity;
If some women today easily share their parenthood with other partners;
Today’s woman undoubtedly needs what therapists teach to myriad couples: DEMONSTRATION AND A TOUCH OF ROMANCE.
Yes! The woman and man of today are like the Nation in the French sense of Ernest Renan: in order to be cohesive, they must have a certain sense of belonging, and my deep conviction is that this particularly passes through the demonstrative side – what some would call today « cheesy ».
And whatever my girlfriends may say, we need to feel that we belong to the man – and vice versa -, to feel through ostentatious and demonstrative gestures of affection that we are « his » woman and not just a friend like any other, even as the bourgeois social signals have faded, like the alliance in jewelry that symbolizes the legal bond or the marital name that has become optional.
And whatever feminist media may say, we need attention like flowers or other gifts that brighten everyday life even as some women earn more money than their spouse. It’s all about attention, it’s all about gestures, it’s all about emotions.
That’s enough to save many couples therapy sessions…
Ibanaca
Hum ! une vision très « clinique » tout de même ! La passion amoureuse et le romantisme sont également liés à l’imaginaire dans une relation de couple, me semble-t-il. Mais c’est mon avis. Et comme on dit par ici, « à l’avis, ah l’amour ! »
J’aimeAimé par 2 personnes
Je te suis sur ces points : le lien entre passion amoureuse, romanisme et relation de couple.
« à l’avis, ah l’amour ! » et à demain mon ami.
J’aimeJ’aime
Bonjour à Ibanaca qui reprend la plume…. complexe sujet. Sait-on vraiment ce qu’on veut ? en ce qui me concerne je raye le désir d’appartenance de l’un comme de l’autre… un accompagnement sur un bout de chemin me semble mieux approprié. Mais l’âge modifie la perception des choses et des sentiments. Et en vivant seul(e) les paramètres sont peut-être faussés. Belle soirée 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
Hello Hélène,
L’âge modifie notre perception des choses et de nos sentiments, c’est certain au moins en ce qui me concerne. Nous ne sommes pas les mêmes à 20, 30, 40 ou 50 ans… et heureusement. Quant au fait de vivre seul : solitude ? liberté ? les deux à la fois ? Aujourd’hui, c’est peut-être à nous de définir le mode de vie que nous voulons adopter en essayant de moins subir le poids des normes familiales ou sociales.
Bises Miss Hélène
John
J’aimeAimé par 1 personne
Une analyse très intéressante. Ne sommes-nous pas tous faits que de contradictions persistantes…me demandè-je en tant que « culcullapraline » basique… ? De toute façon, étant sexagénaire, je ne figure plus dans le panel étudié, puisque datant du mitan du siècle dernier.
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour,
Une analyse très personnelle de l’auteure née également au siècle passé ou alors un questionnement au sujet de son conjoint ?
J’aimeAimé par 1 personne
Ni l’un ni l’autre… Juste une réaction, (un brin humoristique par l’expression d’une réflexion très vaguement philosophique), à l’emploi de l’expression « cucul la praline » pour exprimer un jugement critique de ces « gestes ostentatoires » qui me ravissent totalement, personnellement. Mais je suis sexagénaire et hors panel de référence. J’ai beaucoup apprécié cet article pour lequel je vous remercie. Bonne fin de semaine! 🌈☀️
J’aimeAimé par 1 personne
Hé bien, c’est à moi de vous remercier. Son auteure en sera très heureuse. Bon week-end aussi.
John
J’aimeAimé par 1 personne