La route du paradis

Un jeudi 10 novembre du côté de l’Est parisien, gris, pluvieux, humide qui sent l’automne, un automne qui revient en force, cherchant à imposer ses couleurs sur chaque rayon de lumière qu’il peut attraper de ses petites mains crochues.

Un jeudi 10 novembre jour de grève RATP, la CGT en a décidé ainsi, après la guerre du pétrole, des raffineries et la paralysie du trafic routier, ce sera le blocage des lignes de métro, RER et bus – après tout, comme le le dit la chanson, en ce moment  » tout va très bien Madame la marquise… » Alors, un p’tit coup de sinistrose en plus ou en moins, tout cela n’a plus grande importance sur fond de guerre en Ukraine, de 3ème guerre mondiale qui ne dit pas son nom, d’inflation qui risque prochainement de flirter avec les deux chiffres, de flux et reflux d’un Covid 19, d’insécurité croissante au coin de la rue, d’urgence climatique…

Un jeudi 10 novembre jour de grève, et pour couronner le tout, la ligne du RER A est coupée pour raisons de travaux entre Torcy et Bussy-Saint-Georges ; une vraie mission du combattant pour rejoindre la gare de Chessy Marne-la-Vallée. Mais aujourd’hui, Uber est mon ami, mon meilleur ami, le seul qui puisse me tirer d’un mauvais pas et m’amener à bon port : à la gare de Chessy. Et il tiendra sa promesse, me rassurant ainsi de pouvoir rejoindre la capitale des Gaules encadrée par ses trois fleuves : le Rhône, la Saône et le Beaujolais.

Un jeudi 10 novembre jour d’appel à la grève même à la SNCF, la CGT voit les choses en grand… mais tous les trains TGV continuent inlassablement leurs départs et arrivées pour le plus grand bonheur des usagers. La paix règne en gare de Chessy, Mickey n’est pas très loin et le sourire illumine le visage de nombreuses personnes, petites et grandes.

Un jeudi 10 novembre jour de grève, je saute dans mon train, avise ma place, m’installe – la place d’à côté reste libre, il n’y a pas foule. Je sors mes écouteurs bluetooth, je visse une casquette sur ma tête la visière au niveau de mes yeux, et programme sur mon téléphone une album que je n’avais pas écouter depuis des lustres. Et soudain, c’est la magie, les titres s’enchaînent au rythme des kilomètres engloutis pas le train et me plongent dans une douce torpeur jusqu’à ma destination finale, deux heures plus tard, le soleil faisant sentir sa chaleur au travers de le fenêtre du train. Chris R. m’aura accompagné avec sa voix de rocker et ses mélodies pendant tout le trajet, quelle classe ce type ?

Un jeudi 10 novembre jours de grève à Paris, je saute sur le quai ensoleillé de la gare de Lyon Part-Dieu – la voix de Chris dans les oreilles – pour aller me perdre dans les méandres de la foule puis du métro. Sortie  » Les Cordeliers  » ligne A, rue de la République, un grand week-end de pont m’attend entre Rhône et Saône, tranquillité et plaisir, flâneries et terrasses de café, amis et détente.

John Ibonoco

The road to Heaven

A Thursday, November 10th in the East of Paris, gray, rainy, humid, smelling of autumn, an autumn that is back in force, trying to impose its colors on every ray of light it can catch with its little hooked hands.

On Thursday, November 10th, RATP strike day, the CGT decided so, after the oil war, the refineries and the road traffic paralysis, it will be the blocking of the metro, RER and bus lines – after all, as the song says, at this moment « everything is going very well Madame la marquise… » So, a little bit of grimness more or less, all that doesn’t matter anymore against the backdrop of war in Ukraine, of a 3rd world war that doesn’t say its name, of inflation that may soon flirt with double digits, of the ebb and flow of a Covid 19, of growing insecurity at the corner of the street, of climate emergency…

On a Thursday, November 10, strike day, and to top it all off, the RER A line is cut off for construction work between Torcy and Bussy-Saint-Georges; a real mission du combattant to reach the Chessy Marne-la-Vallée station. But today, Uber is my friend, my best friend, the only one who can get me out of a bad situation and bring me to the right place: the Chessy station. And he will keep his promise, reassuring me that I will be able to reach the capital of the Gauls, framed by its three rivers: the Rhône, the Saône and the Beaujolais.

On Thursday, November 10th, the day of the strike call even at the SNCF, the CGT sees things in a big way… but all the TGV trains continue their departures and arrivals for the greatest happiness of the users. Peace reigns in Chessy station, Mickey is not far away and the smile lights up the face of many people, young and old.

On a Thursday, November 10th, strike day, I jumped on my train, found my seat, settled down – the seat next to me was still free, there was no crowd. I take out my bluetooth headphones, screw a cap on my head with the visor at eye level, and program on my phone an album I hadn’t listened to for ages. And suddenly, it is the magic, the titles follow one another at the rhythm of the kilometers swallowed by the train and plunging me in a soft torpor until my final destination, two hours later, the sun making feel its heat little by little through the window of the train. Chris R. will have accompanied me with his rocker voice and his melodies during all the journey, what a class this guy ?

On a Thursday, November 10th, strike day in Paris, I jumped on the sunny platform of the Lyon Part-Dieu train station – Chris’ voice in my ears – to get lost in the meanders of the crowd and then of the metro. Exit « Les Cordeliers » line A, rue de la République, a great weekend bridge awaits me between the Rhône and the Saône, tranquility and pleasure, strolling and café terraces, friends and relaxation.

John Ibonoco