L’ENFER
Un homme a traversé le désert sans rien boire
Et parvient une nuit sur les bords de la mer
Il a plus soif encore à voir le flot amer
Cet homme est mon désir, la mer est ta victoire.
Tout habillé de bleu quand il a l’âme noire
Au pied d’une potence un beau masque prend l’air
Comme si de l’amour – ce pendu jaune et vert-
Je voulais que brûlât l’horrible main de gloire.
Le pendu, le beau masque et cet homme altéré
Descendent dans l’enfer que je creuse moi-même
Et l’enfer c’est toujours : Je voudrais qu’elle m’aime.
Et n’aurais-je jamais une chose à mon gré
Sinon l’amour, du moins une mort aussi belle.
Dis-moi, le savais-tu, que mon âme est mortelle ?
Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire (1880 – 1918) est un célèbre poète et écrivain français d’origine polonaise née à Rome en Italie. Il mourra à Paris le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, et sera déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre.
The Hell
A man crossed the desert without drinking anything
And arrives one night on the seashore
He’s even more thirsty to see the bitter the flow.
This man is my desire, the sea is your victory.
All dressed in blue when his soul is black.
At the foot of a gallows a beautiful mask takes the air
As if love – that yellow and green hanged man –
I wanted the horrible hand of glory to burn.
The hanged man, the beautiful mask and this altered man
Descend into the hell that I dig myself
And hell is always: I would like her to love me.
And would I never have one thing to my liking
If not love, at least a death as beautiful.
Tell me, did you know, that my soul is mortal?
Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, known as Guillaume Apollinaire (1880 – 1918) is a famous French poet and writer of Polish origin born in Rome, Italy. He died in Paris on November 9, 1918 of the Spanish flu, and was declared dead for France because of his commitment during the war.
Beaucoup de désespoir dans ce beau poème!
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C’est certain,le pauvre Guillaume souffrait d’un manque d’amour
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Ah, si tous ceux et celles qui manquent d’amour écrivaient aussi bien, le désespoir finirait dans un placard rempli de bons alcools poétiques et non plus dans une fosse commune où l’imbécilité crasse de certains nous a plongés !
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Tres bien dit. N’est pas Apollinaire qui veut. Sur France Culture, tu peux l’entendre déclamer l’un de ses poèmes (1913).
C’est une voix venue du passé, c’est assez impressionnant d’entendre ce grand poète.
Bonne soirée Karouge
John
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Dis-moi, le savais-tu, que mon âme est mortelle ?
Quelle belle fin pour ce sonnet !
Bonne soirée, John.
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Bonsoir Jean-Louis,
Comme toi, la fin de ce sonnet m’a saisi. C’est pour cette raison que j’en ai fait le titre de mon billet.
Belle soirée
John
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Bonjour John,
Tout à fait bien écrit, ce sonnet, et qu’elle finale !
Bon mercredi,
Amitiés 🎄
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Bonjour Colette,
C’est en effet un vers final que j’ai trouvé magnifique, sublime. On donnerait parfois beaucoup pour avoir juste une seconde un tel trait de génie.
Quelle plume !
Belle journée en tes terres du « Grand Nord » 😊
Amitiés
John
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