Oh l’amour !

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POEME D’AMOUR DE ÔTOMO  NO YAKAMOCHI
(A SA FEMME DONT IL EST SEPARE)

Lorsque, sérieux,
Je suis accablé par les soucis,
Je ne trouve plus mes mots
Je suis incapable d’agir.
Toi et moi,
La main dans la main,
Le matin,
Nous nous promenions dans le jardin.
Le soir,
Nous balayions le lieu de notre couche,
Entrecroisant l’une sur l’autre
Nos manches de blanche étoffe.
Les nuits où ainsi nous dormîmes,
Était-ce vraiment chaque jour ?
Sur la montagne
Le faisan doré
Appelle sa compagne
De la colline en face1.
Mais moi, homme
De ce monde éphémère,
Lorsque même un jour, une nuit,
Je suis séparé de toi,
Pourquoi en est-il ainsi ?
Je soupire et me lamente.
Accablé par ces pensées
Ma poitrine est oppressée.
Aussi,
Pour calmer mon cœur,
Sur les collines et dans les plaines
de Takamoto
Je suis parti
Promener mes pas.
Mais les fleurs étaient seules2
A montrer leur splendeur,
Plus je les regardais,
Plus je pensais à toi,
Comment
Pourrais-je oublier
Ce désir ardent qu’est l’amour ?

1 « On dit qu’un faisan et sa compagne passe la journée ensemble, mais le soir venu, ils se séparent. »
2 « Mais toi, tu étais absente. »

 

Ôtomo no Yakamochi (718 ?- 785) est un poète waka de l’époque Nara, membre des trente-six grands poètes de l’époque Heian, appartenant au Clan Ōtomo. Il fut gouverneur d’Etchû, et occupa à la cour des emplois élevés. Il fut l’un des poètes les plus féconds de son époque.

 

 

LOVE POEM BY ÔTOMO NO YAKAMOCHI
(TO HIS ESTRANGED WIFE.)

 

When, seriously,
I’m overwhelmed with worry,
I can’t find my words
I’m incapable of doing anything.
You and me,
Hand in hand,
In the morning,
We were walking in the garden.
At night,
We were sweeping the area where we lay down,
Intersecting with each other
Our white cloth sleeves.
The nights we slept like this,
Was it really every day?
On the mountain
The golden pheasant
Call his girlfriend.
From the hill across the street1.
But I, man
Of this ephemeral world,
When even one day, one night,
I’m separated from you,
Why is this so?
I sigh and lament.
Overwhelmed by these thoughts
My chest is tight.
Also,
To calm my heart,
On the hills and plains
of Takamoto
I’m gone.
Walking my steps.
But the flowers were alone2
To show off their splendour,
The more I looked at them,
The more I thought about you,
How
Could I forget
That yearning that is love?

1 « It is said that a pheasant and his mate spend the day together, but when evening comes, they break up. »
2 « But you were absent. »

Ôtomo no Yakamochi (718-785) is a Waka poet of the Nara period, a member of the thirty-six great poets of the Heian period, belonging to the Clan Ōtomo. He was governor of Etchû, and held high positions in the court. He was one of the most fertile poets of his time.

 

 

 

 

19 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Un amour très poétique, c’est original de citer un poète Japonnais et très ancien, un domaine de littérature que je ne connais pas, une bonne idée de le faire découvrir!

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    1. ibonoco dit :

      Merci Marie-Christine.
      Ainsi, l’on voit que la poésie plonge ses racines dans les temps anciens et en des lieux parfois éloignés de notre vieille Europe. Et l’on constate que l’amour a toujours fait parler de lui.

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    2. Solène Vosse dit :

      Ah, l’amour, l’amour, il en fait couler de l’encre l’amour. Dommage que ce soit surtout pour les amours impossibles…. le manque, l’absence…
      Heureusement que la poésie sauve 😊

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      1. ibonoco dit :

        Tu m’etonnes qu’il s’agisse toujours d’amours impossibles. C’est le propre de l’homme que d’écrire sur ses propres tourments. ☺️

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  2. Un magnifique poème j’aime beaucoup 🙂

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    1. ibonoco dit :

      Merci Ghislaine. ☺️

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  3. Beau poème, merci John, et bonne journée à toi.

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    1. ibonoco dit :

      Merci Jean-Louis.
      Bon après-midi

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  4. Bonsoir John,
    J’aime beaucoup la poésie japonaise…
    J’aime leur finesse, leur délicatesse ;  » Nous balayions le lieu de notre couche,
    Entrecroisant l’une sur l’autre Nos manches de blanche étoffe. »
    On y retrouve souvent les métaphores des fleurs, des oiseaux.
    J’aime aussi leurs films …

    Merci John pour ce partage ; la douceur fait toujours du bien…
    Bonne soirée mon cher
    Amitiés
    Manouchka

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Manouchka,
      Merci d’avoir partage tes impressions sur ce poème d’un autre temps.
      Amitiés
      John

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  5. charef dit :

    Merci pour cette belle poésie japonaise.De belles métaphores tirées de l’observation du milieu ambiant du poète.

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Charef,
      En effet, cette poésie est non seulement belle mais très instructive.

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  6. très surprenant cette association de musique, d’image et de texte ! trois rythmes, trois profondeurs qui dénotent mais ça fonctionne !

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  7. Bonjour John, je n’ai pas pu mettre de commentaire sur ton billet sur Cavanna…
    (P.S. ce n’était pas François, le prénom de Cavanna ?)

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    1. ibonoco dit :

      Merci Jean-Louis,
      Je vais tenter de régler cela.

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    2. ibonoco dit :

      Affaire réglée ☺️

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  8. colettedc dit :

    Un très, très beau poème ! Merci du partage, John ! Amitiés♥

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette,
      En effet, un très beau poème japonais qui su traverser les siècles pour venir nous murmurer ses vers.
      Amitiés
      John

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