Every day, learn how to die

 » Il fut un temps où vivre signifiait simplement avoir eu cette chance incroyable de ne pas avoir déjà succombé à la journée précédente. Il fut un temps où vivre devint – faussement – synonyme d’éternité et où l’on cachait la mort au fond des cimetières tandis que le temps passait sur les trépassés. Il fut un temps où la mort revint s’inviter à nos banquets tandis qu’elle nous obligeait à la regarder en face, ses yeux scrutant notre âme… Il nous fallut alors apprendre à vivre chaque instant, chaque fragment de vie, chaque sourire ou éclat de rire, pleur d’un proche ou d’un ami, il nous fallut apprendre, apprendre tout parce qu’un jour il nous faudrait partir, partir sans regrets ni remords, partir vers d’autres aventures. »

John Ibonoco

The Doors – Take It As It Comes

TOUJOURS APPRENDRE

Apprendre à mourir le travail de chaque jour
se souvenir des crépuscules et les aimer
en attendant le dernier le plus beau
l’incendie des années perdues oubliés
Savoir attendre même le désespoir
et regarder cet enfants ces enfants
qui s’éloignant avec moi du rivage
où on les attend peut-être on ne sait jamais
C’est toujours peut-être lorsque la vie passe
et qu’il est temps de passer le temps
Faut-il encore choisir un masque un sourire
et se voir dans un miroir reconnaître
celui qui fut et qui bientôt sera

Philippe Soupault (1897 – 1990), in Autant se taire, Poèmes et Poésies, Les Cahiers Rouges, Grasset, Paris, 2013, pp. 286., est un poète, romancier et journaliste et journaliste français. Ses amis sont André Breton et Louis Aragon avec lesquels il participe à l’aventure Dada. Il se tourne ensuite vers le surréalisme. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des fondateurs de ce mouvement avec son ami André Breton.

The Doors – Take It As It Comes

ALWAYS LEARN


Learning to die, the work of each day
remembering and loving the twilights
waiting for the last and most beautiful
the fire of the forgotten lost years
Knowing how to wait even in despair
and look at this kid these kids
who walked away with me from the shore
where they may be waiting for them you never know
Maybe it’s always when life passes
and that it’s time to pass the time
Is it still necessary to choose a smile mask
and see yourself in a mirror recognize
he who was and who soon will be

Philippe Soupault (1897 – 1990), in Autant se taire, Poèmes et Poésies, Les Cahiers Rouges, Grasset, Paris, 2013, pp. 286, is a French poet, novelist and journalist. His friends are André Breton and Louis Aragon with whom he is participating in the Dada adventure. He then turns to surrealism. He is also considered one of the founders of this movement with his friend André Breton.

« There was a time when living simply meant having had that incredible good fortune of not having already succumbed to the previous day. There was a time when living became – falsely – synonymous with eternity and when death was hidden in the depths of cemeteries while time passed over the dead. There was a time when death came back to invite itself to our banquets while it forced us to look at it in the face, its eyes scrutinizing our soul… Then we had to learn to live every moment, every fragment of life, every smile or burst of laughter, every cry from a relative or a friend, we had to learn, learn everything because one day we would have to leave, leave without regrets or remorse, leave for other adventures. »

John Ibonoco

11 commentaires Ajouter un commentaire

  1. marie dit :

    Bonjour John, ton texte trouve un écho en moi,partir oui c’est sûr mais pour où? pour moi « la catho » sous quelle forme ? vais-je reconnaître les miens sans leur corps humains, juste leur âme? je me pose beaucoup de question que la Soeur Madeleine, mon Amie, me renvoie dans les cordes en me disant  » CROIS » et tu verras! c’est que c’est long l’éternité, alors j’espère de toutes la force de ma FOI que ce sera beau. Bisous bonne journée MTH très beau poème également .

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie,
      Ne t’inquiète pas de l’après. Si tu es croyante : crois. A chacun sa manière de vivre et d’appréhender le but ultime de son existence. A chacun le droit de croire ou de ne pas croire selon sa liberté de conscience.
      Et une petite note d’humour de Woody Allen pour faire écho à ton commentaire : l »éternité, c’est long, surtout sur la fin.
      Bisous Marie
      John

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  2. Belle réflexion et beau poème, en général on n’aime pas trop penser à la mort!

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    1. ibonoco dit :

      Merci Marie-Christine,
      Je pense que la période actuelle ouvre à de telles pensées.

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  3. marie dit :

    A reblogué ceci sur Marie des vigneset a ajouté:
    Bonjour John , tes textes ne me laisse jamais indifférente, il m’oblige à réfléchir, j’ai aimé surtout : « partir sans regrets, sans remords , vers d’autres aventures… certainement , sans doute ,mais aussi «  » encore un » » peut-être.J’en utilise beaucoup des peut-être , ce n’était pas mon habitude car j’étais plutôt sûre de moi, droite dans mes « bottes » je dirais plus tôt dans mes convictions, mais j’ai changé, je change, est-ce que cela à un rapport avec le fait que j’ai vieilli, ? Peut-être ou pas…

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    1. ibonoco dit :

      Merci Marie d’avoir partagé mon billet d’aujourd’hui et surtout d’apprécier mes petites pensées.
      Tu changes ? Certainement qu’avec le temps, c’est plutôt notre propre expérience à l’épreuve du quotidien qui nous fait évoluer plutôt que le vieillissement lui-même…
      Bisous Marie
      John

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  4. Intéressants ces textes de Soupault !
    Bonne journée, John.

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  5. colettedc dit :

    Oui, en effet, un jour, il nous faudra partir et, comme tu le dis si bien, John : sans regrets et sans remords. Partir vers la Vie ! Alors, vaut mieux la regarder en face, notre propre mort.
    Merci pour le partage de ce beau poème de Philippe Soupault et bon mardi tout entier !
    Amitiés 😘🌹💗

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette,
      Ne soyons tout de même pas trop pressés de partir. Doucement, on a le temps… 😘
      Amitiés
      et bonne soirée Colette
      John

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      1. colettedc dit :

        Tout à fait, John, rien ne presse car, gagné d’avance, hein !
        Bonne soirée ! 🙏

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        1. ibonoco dit :

          Excellent ! Pour une fois que l’on sait que c’est assurément gagné d’avance.

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