PARIPARIFENUA

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BICEP – APRICOTS

L’ART DU PARIPARIFENUA

Sur la place qu’évente
la fraîche rosée des vallées
c’est l’heure du pariparifenua*,
espace de ressourcement,
chant-poème,
au ras de l’île.
En quête
de la pure harmonie
des voix s’élèvent, sourdes, graves
hymnes à la lettre, au ciel,
à ceux des temps anciens :
Les hommes scandent sur les corps
et dans les esprits martèlent, enracinent
puis mesurent, équilibrent
les perçants, haut perchées
des femmes qui, se faisant, rendent la consonnance
tandis que de timides, juvéniles,
s’exercent à prendre place.
Scansion, détresse
et nostalgie, sonorités immémoriales,
pont passé-présent,
pour remonter le temps, et conforter.
Sur les gradins
désertés, les Anciens se taisent,
langueur et méditation
dans l’attente d’un baume à l’âme.
Tous, sur la place, corps, chœur, et âmes,
Par le rythme, l’acceptation,
et la portée des sons, chant, musique
et poésie, vibrent, ravis, à l’unisson,
dans l’harmonie saisie au fort,
par étapes, portée, légère,
éclatante, dans les hauteurs, de la mélopée.
Le passé retrouvé, ils s’en reviennent,
ressourcés, pacifiés,
enhardis, vivants.

Le pariparifenua est un genre poétique traditionnel oral de la littérature tahitienne décrivant une terre, une montagne, un cours d’eau ou un récif…

Flora Aurima Devatine, née en 1942 est une écrivaine et poétesse tahitienne. Professeur d’espagnol et de tahitien en lycée et collège, elle enseignera également la langue et la poésie tahitiennes à l’université française du Pacifique, En 2002, elle dirigera la première revue littéraire polynésienne Littérama’ohi, Elle est considérée aujourd’hui comme une figure majeure de la littérature polynésienne. En 2017, elle sera lauréate du Prix Heredia de l’Académie française pour son recueil Au vent de la piroguièreTifaifai, paru en 2016.

BICEP – APRICOTS

THE ART OF PARIPARIFENUA

On the place that évente
the fresh dew of the valleys
it’s time for pariparifenua*,
space for resourcing,
song-poem,
at the level of the island.
In search
pure harmony
voices are raised, deaf, low voices
hymns to the letter, to heaven,
to those of ancient times:
Men chanting over bodies
and in the spirits hammer, root
then measure, balance
the piercing, high perched
women who, in doing so, make the consonance
while shy, juvenile ones,
practice sitting down.
Scansion, distress
and nostalgia, immemorial sounds,
bridge past and present,
to go back in time and comfort.
On the bleachers
deserted, the Ancients keep silent,
languor and meditation
waiting for a soul balm.
All, on the square, body, choir, and souls,
Through rhythm, acceptance,
and the range of sounds, singing, music
and poetry, vibrate, delighted, in unison,
in the harmony seized at the fort,
in stages, carried, light,
bright, in the heights, of the melody.
The past regained, they come back,
resourced, pacified,
emboldened, alive.

Pariparifenua is a traditional oral poetic genre of Tahitian literature describing a land, a mountain, a river or a reef…

Flora Aurima Devatine, born in 1942, is a Tahitian writer and poetess. She teaches Spanish and Tahitian in high school and college, she also teaches Tahitian language and poetry at the French University of the Pacific. In 2002, she directed the first Polynesian literary review Littérama’ohi, she is considered today as a major figure of Polynesian literature. In 2017, she will be the winner of the Heredia Prize of the French Academy for her collection Au vent de la piroguière – Tifaifai, published in 2016.

16 commentaires Ajouter un commentaire

  1. karouge dit :

    A une époque, j’écoutais des K7 de plein de pays du monde, et la musique festive tahitienne en faisait partie. Un de mes frères aînés était alors sur l’atoll de Hao, où avaient lieu les essais nucléaires français. Ce qu’il en racontait était effrayant, autant pour ces jeunes bidasses que pour les populations locales. On lui avait fourni un petit manuel pour « échanger » avec les autochtones. Le contenu était absurde, tant la vocation militaire y prenait son ampleur. J’ai conservé ce petit bouquin plusieurs années, avant de le rendre à mon frère.
    Je ne me souviens vaguement que de deux choses : l’alphabet comporte treize lettres, et la cigarette se dit « ava ava ».
    On est loin de Gauguin et des fleurs de tiaré !
    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/une-ancienne-base-nucleaire-en-polynesie-francaise-transformee-en-ferme-aquacole_1715951.html

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    1. ibonoco dit :

      Je ne me suis pas encore mis au tahitien mais comme toi, j’ai été attiré plus jeunes par beaucoup de cultures et le nom de Tahiti me faisait rêver. C’est vrai que ta relation nous éloigne beaucoup de Gauguin. Mais on ne peut en effet oublier les essais nucléaires
      La Polynesie c’est aussi les Marquises, le paradis de Brel.
      Bonne journée Karouge
      Amitiés
      John

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  2. Intéressant !
    Merci John, et bonne journée.

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    1. ibonoco dit :

      Bonne journée Jean-Louis
      Amitiés
      John

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  3. Je dois avouer que je ne suis pas transportée par cette poésie mais bon, on ne peut pas tout aimer !
    Belle fin de journée et amitiés.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Catherine,
      Ce n’est pas forcement mon genre de poèmes préférés.
      Mais j’aime bien observé comment le français a l’autre bout du monde peut-être mis en vers
      Amitiés Catherine
      John

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  4. C’est une découverte, j’ai un oncle qui a fait sa vie à Tahiti, je ne sais pas s’il s’est intéressé à la littérature locale, je suppose qu’il avait trop à faire avec sa nombreuse famille…,

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    1. ibonoco dit :

      Oui, il est toujours intéressant de découvrir la plume d’auteurs ultramarins. On y perçoit leur culture, leur mode de vie, traditions. C’est quasi une expérience ethnologie

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  5. Swannaëlle dit :

    Merci pour cette découverte John, ce n’est pas mon univers poétique, mais il est toujours bon d’avoir un oeil tentaculaire ! Belle soirée 😘🌹

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Swannaëlle,
      J’ai la même approche que toi. J’aime beaucoup découvrir d’autres univers poétiques et les partager. Il y a toujours des éléments intéressants culturellement.
      Bon samedi
      Amitiés
      John

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  6. colettedc dit :

    Je ne connaissais pas du tout ce genre littéraire, John.
    Évidemment, c’est la toute première fois que j’en lis !!!
    Merci de me le faire découvrir !
    Bon week-end,
    Amitiés ❤

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette,
      C’est toujours intéressant de toucher l’âme poétique d’autres cultures.
      Bon samedi
      Amitiés
      John

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