A summer night…

(Réédition)

Les Négresses Vertes – Voilà l’été

UNE NUIT D’ETE

Un soir de juillet… vers la fin des années 80, les grandes vacances sont enfin là ! Les nuits sont toutes à nous – enfin ! – tandis que nos journées sont vouées aux petits boulots d’été. Un mois de travail, c’est une éternité quand on a à peine dix-huit ou dix-neuf ans mais bon ! il faut bien gagner un peu d’argent pour financer une petite virée entre potes au mois d’août en Espagne, en Grèce ou dans le Sud de la France. C’est ça le prix de la liberté de « proximité » : un mois de job d’été en juillet pour un mois d’août on the beach. En attendant, les nuits sont belles et d’une chaleur enivrante enveloppant l’esprit dans un cocon d’optimisme, de joie et de rêves de post ados…

22 heures, 22 heures 30, quand le ciel n’est pas encore tout à fait noir et qu’un bleu foncé teinte encore les quelques nuages blancs perdus au milieu de cette immensité qui commencent à scintiller fièrement d’étoiles, là-haut, tout là-haut au-dessus de nos têtes, à cet instant précis où deux mondes se croisent, se frôlent et poursuivent leur chemin, l’un vers l’oubli dans le sommeil, l’autre vers l’éveil à la vie, plus rien ne compte, plus rien n’existe. Tout est suspendu par le fil de l’insouciance au bonheur d’une douce nuit d’été. Le temps vient de s’arrêter, de faire une halte afin d’observer de près une jeunesse qu’il fera un jour périr de ses mains.

Ce soir, les discussions vont bon train et s’enchaînent entre crises de rire, morceaux de musique planant dans l’air comme pour mieux se faire entendre, bières, whisky et autres alcools. Les Doors trinquent en compagnie de Genesis, Bob Marley et Alpha Blondy échangent à propos des Wailers, Pink Floyd entame un duo avec The Police, bref, « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… », et comment pourrait-il en être autrement ? La bonne humeur est au rendez-vous, il fait bon et bon vivre, s’amuser, échanger jusqu’à point d’heure, boire un verre ou deux, plutôt deux ou trois…

Ce soir est un soir d’été entre amis, tous assis autour de la grande table de l’amitié sous le regard attendri de la voûte étoilée. Il fait bon vivre et se marrer, se marrer comme des gamins heureux d’être là, ensemble tout simplement. En cette fin d’adolescence, on est encore un gosse imberbe ou avec une barbe mal rasée et des rêves en pagaille dans la tête. Et tels des apprentis architectes, on dessine et redessine des projets sur la feuille encore blanche de l’avenir à l’aide du crayon de bois du destin et de la bonne vieille gomme qui arrange tout. Dans le même temps, la légèreté du rosé qui coule dans nos veines ne fait que troubler encore plus le silence de minuit que des rires déchirent par endroit comme l’éclair déchire le ciel lors d’un orage de chaleur…

Parfois, quand la nuit est encore tiède des morsures du soleil de la journée, quand l’herbe fraîchement coupée exhale son parfum de légèreté, quand un vieil air des Negresses Vertes passe à la radio, je ferme les yeux sur le présent pour ouvrir mon cœur au passé. Alors je me souviens et me ressouviens. C’est l’été, ils sont tous là : je me sens bien…

John Ibonoco

A SUMMER NIGHT

One July evening… towards the end of the 80s, the summer vacations are finally here! The nights are all ours – at last! – while our days are devoted to summer odd jobs. A month of work is an eternity when you’re barely eighteen or nineteen years old, but hey! you have to earn some money to finance a little trip among friends in August to Spain, Greece or the South of France. That’s the price of the freedom of « proximity »: a month of summer job in July for a month of August on the beach. In the meantime, the nights are beautiful and intoxicatingly warm, enveloping the mind in a cocoon of optimism, joy and post-teenage dreams…

10:00 pm, 10:30 pm, when the sky is not yet completely black and a dark blue still tints the few white clouds lost in the middle of this immensity that begin to glitter proudly with stars, up there, all above our heads, at this precise moment when two worlds meet, brush past each other and continue on their way, one towards oblivion in sleep, the other towards awakening to life, nothing matters anymore, nothing exists anymore. Everything is suspended by the thread of recklessness to the happiness of a sweet summer night. Time has just stopped, stopped to observe closely a youth that will one day perish at his hands.

Tonight, the discussions are going well and follow one another between fits of laughter, pieces of music hovering in the air as if to be better heard, beers, whisky and other alcohols. The Doors toast with Genesis, Bob Marley and Alpha Blondy talk about the Wailers, Pink Floyd starts a duet with The Police, in short, « everything’s going well in the best of all worlds… « and how could it be otherwise? The mood is good, it’s a good time, it’s a good time to have fun, to exchange until noon, to have a drink or two, more like two or three…

Tonight is a summer evening with friends, all sitting around the big table of friendship under the tender gaze of the starry vault. It’s good to live and have fun, laughing like kids happy to be there, simply together. At the end of adolescence, one is still a beardless kid or a kid with a badly shaved beard and messed-up dreams in the head. And like apprentice architects, we draw and redraw projects on the still white sheet of paper of the future with the wooden pencil of destiny and the good old eraser that fixes everything. At the same time, the lightness of the rosé wine flowing in our veins only disturbs even more the midnight silence that laughter tears in places like lightning tears the sky during a heat storm …

Sometimes, when the night is still warm from the bites of the day’s sun, when the freshly cut grass exhales its scent of lightness, when an old tune from Les Negresses Vertes is playing on the radio, I close my eyes to the present to open my heart to the past. Then I remember and reminisce. It’s summer, they are all here: I feel good…

John Ibonoco

26 commentaires Ajouter un commentaire

  1. marie dit :

    Bonjour John, un superbe texte, tu as eu une belle vie ces années là, cela me rappelle les neveux de mon mari qui partaient tout joyeux vers l’Espagne, ils mangeaient souvent des pâtes, ils revenaient heureux et racontait à leur jeune tante , moi, nous n’avions que quelques années d’écart, une douzaine, mais moi, à 18 ans j’étais déjà mariée, alors quand je repense à mes 15 ans , c’est à Paris que je me revois avec mes amis de ce temps là, peu de garçons, deux seulement dans le groupe de 4 filles « dans le vent » , c’était le temps des « yéyés » et de salut les copains. C’est toujours avec bonheur que je retrouve dans ma mémoire ces années là. Bisous MTH

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie,
      Merci de tes mots et de partager un peu de tes souvenirs. Tu devrais peut-être écrire quelques lignes à ce sujet. Je suis certain que ce sera très agréable à lire.
      Oui, la vie était belle et je ne le savais même pas. Tu vois.
      Bisous Marie la Yéyée.
      Amitiés
      John

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  2. Merveilleux texte de ces années pleines de vie ! N’y aurait il pas une pointe de regrets de ces années si belles qui ne reviendront plus ?
    Belle fin de journée John et amicales pensées.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Catherine,
      Malheureusement, il y a un peu de regret mais aussi de la tendresse pour ces années-là. On ne savait pas qu’un jour, le temps accélérait sa course et que les amitiés et copains s’éparpilleraient pour souvent ne plus jamais se revoir.
      Belle soirée Catherine
      Amitiés 😊
      John

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      1. Peut être ne faut il retenir que la tendresse … Belle soirée à toi 😊

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        1. ibonoco dit :

          Oui, c’est mieux ainsi 😊

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        2. ibonoco dit :

          Belle soirée Catherine
          John

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  3. Des souvenirs de jeunesse sympas, ma jeunesse était beaucoup moins cool, pas question d’essayer de voler de mes propres ailes, je faisais ce que mes parents me disaient de faire et j’allais en vacances avec eux!

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    1. ibonoco dit :

      Il m’a fallu un peu de temps avec mes parents pour les convaincre de me laisser plus libre. Cela passait parfois par de petites révolutions de salon.

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  4. Swannaëlle dit :

    Superbe texte, où l’on peut déceler mélancolie et nostalgie de ce temps …Merci John 🌹

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Swannaëlle,
      Merci de tes mots
      C’est très juste : mélancolie et nostalgie. Parfois, elles sont présentes puis disparaissent, un peu comme des vaguelettes.
      Belle soirée Swanaëlle
      Porte-toi bien.
      John

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      1. Swannaëlle dit :

        J’aime bien le terme de vaguelettes, il est bien approprié ! Moi j’appelle cela mes montées brumeuses …
        Je te souhaite une belle nuit 😘🌹

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        1. ibonoco dit :

          Merci Swannaëlle,
          Beau dimanche
          John 😊

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  5. theatrealtair dit :

    Nous devons avoir environ le même âge, j’ai les mêmes souvenirs ! On poursuivait avec Thiefaine et on finissait avec des Pogos.

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    1. ibonoco dit :

      Thiefaine, il doit encore se produire et sortir des albums. Un nom tout droit venu d’un autre monde.
      Bonne soirée
      John

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      1. theatrealtair dit :

        Oui, il continue à tourner – et toujours à très haut niveau. Bonne soirée à vous !

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        1. ibonoco dit :

          Merci à vous
          Bon dimanche
          Signé : « Aligator 427″😉

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  6. Bonsoir
    Que de souvenirs ce texte qui relatent une réalité vécue
    J’ai retrouver au milieu de ces mots , un peu de mes souvenirs d’adolescents et en plus je suis dans le Sud de la France alors les vacances dans le Sud c’est les vacances , le soleil, la mer , les sable chaud et la liberté de rêver….merci pour ce texte
    Bonne soirée

    Cocopaillette

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour et merci de vos mots.
      Oui, cette description du Sud, des vacances, de la liberté que l’on ressent lorsque l’on est jeune en’été, et surtout le soir,c’est exactement cela.
      Bon dimanche
      John

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  7. colettedc dit :

    J’ ❤ !
    Bonjour John,
    Agréable, ce texte, qui nous ramène tout droit au temps de nos jeunes années !
    Bon dimanche,
    Amitiés ❤

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    1. ibonoco dit :

      Tout droit, exactement ☺️
      Et cela peut faire un peu de bien de voyager par la pensée et les souvenirs.
      Beau dimanche
      Amitiés
      John

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  8. Bel écho des étés ados
    Le temps des Premiers boulots

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    1. ibonoco dit :

      Merci,

      C’est vrai que les premiers boulots d’été sonnent comme une entrée symbolique dans le monde des adultes. On ne les oubliera pas la suite jamais.

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      1. Exactement. Moi j’ai pas mal bossé dans des trains comme vendeur de bouffe en carriole, comme pion, chez un éditeur…

        Et vous ?

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  9. ibonoco dit :

    J’ai travaillé sur des chantiers, fait le moniteur de centre aéré, travaillé en intérim, et pas mal dans des pubs ou bars de nuit.
    J’ai adoré la nuit. Aujourd’hui encore, j’y repense souvent.

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  10. ramrock dit :

    Aaah!! Les Negresses Vertes, j’adore.

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