I’m in a fucking rage

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RAGE

Au lieu d’écrire, je déchire la page avec la plume, je casse la plume, ça pisse l’encre, je buve, je récidive, je répare, j’éponge, je récure, je manipule.

Je suis un manuel refoulé.

Même un cul, oui ! Parfaitement ! Un cul, je tripoterais, avec des des tournemains qui feraient passer le mal, qui atteint la rage, et ça bave… !

Même un cul facilement assimilable, un cul sans mémoire, digeste qui accélère le transit, qui nique les symptômes, net, impitoyable, dans le genre :« on veut plus rien, mais tout de suite ! » Un cul « Apocalypse now », mais vraiment « now » pas dans deux heures !

Qui dira la lenteur d’un cul, quand on en a besoin !

N’importe quoi ! Une grosse pouf boche, s’il n’y a que ça !

Dans la rage, on se croit capable. Mais, pour de vrai, on rêve que de culs interdits, sacrés comme ds tabernacles, ou de culs inaccessibles. On s’éprend, forcément, de culs himalayens, anapurnesques, des culs de Machu-Picchu, des culs d’Inquisition, à s’en brûler, érigé jusqu’au bout des doigts.

On ne pense qu’à leur cul, mais leur cul ne pense qu’à elles.

Ange Philippe Léotard Tomas, Philippe Léotard (1940 – 2001), in Pas un jour sans une ligne, Les Belles Lettres, Paris, 1992, pp. 95-96., est un acteur, poète et chanteur français. 

 

 

RAGE

Instead of writing, I tear the page with the pen, I break the nib, it pisses the ink, I absorb with blotting paper, I repeat, I repair, I sponge, I scrub, I manipulate.
I am a repressed manual.


Even an ass, yes! Perfectly! An ass, I’d fiddle, with turn hands that would pass the evil, that reaches the rage, and it drools !

Even an easily assimilated ass, an ass without memory, digestible, which accelerates the transit, which fucks up the symptoms, neat, ruthless, in the genre: « we don’t want anything anymore, but right now! « An ass « Apocalypse now », but really « now » not in two hours!


Who’s to say how slow an ass is when you need it?


You’re full of shit! A big German’ bitch, if that’s all there is!


In rage, you think you can do it. But, for real, we dream of forbidden asses, sacred as tabernacles, or inaccessible asses. We are obviously in love with Himalayan, Anapurnesque asses, Machu-Picchu asses, Inquisition asses, to be burned, erected to the tips of our fingers.


We only think of their asses, but their asses only think of them.

Ange Philippe Léotard Tomas, Philippe Léotard (1940 – 2001), in Pas un jour sans une ligne, Les Belles Lettres, Paris, 1992, pp. 95-96 is a French actor, poet and singer

 

16 commentaires Ajouter un commentaire

  1. iotop dit :

    Bon jour John,
    A voix haute, à « gueuler  » comme le faisait Flaubert, il y a une portée qui ne laisse pas indifférente par le rythme de ce texte à la callipyge attrayante, effrayante, attirante, brûlante, attachante, engageante … 🙂
    Belle journée Soleil … John
    Max-Louis

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Max-Louis,
      Il y a comme tu dis une portée qui ne laisse pas indifférente. Cette portée, c’est aussi tout ce torrent de vie en Leotard avec tous ses tourments. 😊
      Belle journée Max-Louis
      John

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  2. karouge dit :

    C’est rage against the machisme!😁

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    1. ibonoco dit :

      Rarement dans ce cas.
      Mais quel groupe de rock !😉

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  3. karouge dit :

    on a eu Léautaud, puis Léotard, qui sera le dernier (Léo the last, indeed)?

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        1. Bah oui, entre tôt et tard, il y a midi ! 😄

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        2. ibonoco dit :

          Excellent !!

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    1. ibonoco dit :

      On ne le saura jamais…

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  4. C’est sûr il y a de la rage dans ce texte!

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    1. ibonoco dit :

      De la rage et de l’envie de vivre

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  5. André dit :

    Le cul et les écus, les deux manivelles qui font tourner le monde …
    Aujourd’hui, plutôt virtuel !

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    1. ibonoco dit :

      Les écus et le cul seraient confinés

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  6. Dominique dit :

    Les alcoolos et les camés tous artistes qu’ils soient,
    Pendant leurs crises de manque sont plutôt affligeants,
    Alors qu’entre deux eaux (façon de parler) ils se révèlent vraiment…
    Ceci évidement n’engage que moi.

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    1. ibonoco dit :

      Les addictions sont des maladies dont les conséquences sur le comportement et l’entourage sont désastreuses. Je crois que Leotard voulait montrer un peu cela dans son texte.
      Je crois que ton raisonnement est très sensé.

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