Out of breath


UNE SEULE PHRASE SUFFIT

Lyon, février 2020, aux environs de 20 heures…

Un soir de pluie, humide, frais tombe sur la ville et ses artères, rues et ruelles comme une ombre dévorant tout sur son passage, ne laissant apparaître que le rouge, le blanc et le jaune des phares de voiture, des feux de signalisation et autres couleurs dans un bruit de ronron plus ou moins sourd par moment selon la pression du pied du conducteur sur la pédale de l’accélérateur de son véhicule, et surtout selon son humeur, humeur guidée par une journée de merde ou pas, par une ambiance électrique dans l’air, ou tout simplement par l’envie d’en finir avec cette journée et d’ouvrir une nouvelle page sur une soirée qui promet d’être joyeuse, heureuse et enfin de souffler un peu et de passer à autre chose, de vivre autre chose que cette parenthèse quotidienne professionnelle se répétant inlassablement de jour en jour ; passer à autre chose, marcher les mains dans les poches le regard se perdant dans le vague, marcher sur les quais de Saône du côté du quai Saint-Antoine non loin de la place Bellecour et de sa grande roue en période d’hiver, le remonter jusqu’à La Chapelle, ce bar toujours illuminé de ces couleurs bleue, orange et rose sur fond de musiques disco et house, puis s’asseoir en terrasse sous les chauffages d’extérieur ou à l’intérieur à une table haute et commander un verre de Saint-Joseph, un gin tonic, une planche de charcuterie composée de saucisson sec, de jambon cru, de fromages et trinquer avec sa femme, sa complice, dans ce cadre chaleureux où l’air que l’on respire rappelle un je-ne-sais-quoi des années 80, un je-ne-sais-quoi de cette boîte de nuit des pentes de La Croix-Rousse, La Petite Taverne, à l’intérieur de laquelle se mêlaient jusqu’à tard dans la matinée après une très longue nuit, les travelos à la perruque de travers, la barbe naissante et ayant fini leur service, les couples gays d’un soir, d’une brève ou furtive rencontre et les hétéros cherchant un dernier asile avant d’aller se pieuter ou d’aller dévorer une escalope à la crème, quelques frites accompagnées d’un ou deux pots lyonnais – un côte du Rhône de préférence – tandis que la ville s’éveille et qu’il est déjà bien plus tard que cinq heures du matin, tandis que sur les quais le marché s’est déjà installé, que les maraîchers et autres commerçants ambulants trinquent au vin blanc avant d’aller trimer un peu

John Ibonoco

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ONE SENTENCE IS ENOUGH

Lyon, February 2020, around 8 p.m…

A rainy, humid, cool evening falls on the city and its arteries, streets and alleys like a shadow devouring everything in its path, letting only the red, white and yellow of car headlights, traffic lights and other colours appear in a purring noise more or less muffled at times depending on the pressure of the driver’s foot on the accelerator pedal of his vehicle, and above all on his mood, Mood guided by a shitty day or not, by an electric atmosphere in the air, or simply by the desire to end the day and open a new page on an evening that promises to be joyful, happy and finally to take a breather and move on to something else, to live something else than this daily professional parenthesis repeating itself tirelessly day after day ; to move on, to walk with hands in your pockets with your eyes lost in the waves, to walk on the quays of Saône on the side of the Quai Saint-Antoine not far from Place Bellecour and its Ferris wheel in winter, to walk up to La Chapelle, this bar always illuminated with these blue, orange and pink colors on a background of disco and house music, then sit on the terrace under the outdoor heaters or inside at a high table and order a glass of Saint-Joseph’s, a gin and tonic, a plate of cold meats composed of dry sausage, cured ham, cheese and toast with his wife, his accomplice, in this warm setting where the air one breathes reminds one of the je-ne-sais-quoi of the 80s, a je-ne-sais-quoi of this nightclub on the slopes of La Croix-Rousse, La Petite Taverne, inside which mingled until late in the morning after a very long night, trannies with crooked wigs, beards that had grown out and finished their shift, gay couples for an evening, a brief or furtive meeting, and straight men seeking a last refuge before going to the sack or devouring a creamed escalope, a few French fries accompanied by one or two jars of Lyon wine – preferably a Côte du Rhône – while the city is waking up and it is already well after five in the morning, while on the quays the market gardeners and other itinerant merchants are toasting with white wine before going out to work a little…

John Ibonoco

19 commentaires Ajouter un commentaire

  1. princecranoir dit :

    Pas testé la Petite Taverne. Par contre le nouveau « corner » du Vieux Lyon, j’ai fait. Bien installé, dans l’ancienne Tour Rose. C’est très hype.

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    1. ibonoco dit :

      Il faudrait que j’aille y faire un petit tour;

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  2. André dit :

    Oh ce spleen doux-amer …

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    1. ibonoco dit :

      Merci André. ☺️

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      1. André dit :

        Merci à toi John, c’est toujours un plaisir de te lire …

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        1. ibonoco dit :

          Merci André… Et c’est toujours un plaisir d’échanger avec toi ☺️

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  3. marie dit :

    Bonjour John, j’aime beaucoup ton texte, ta façon d’écrire, de décrire, merci pour ce partage bisous et bonne fin de journée MTH

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie,
      Merci de tes mots et compliments quant à ma façon d’écrire et de décrire. Merci, cela me touche.
      Bonne soirée
      Amities 😊
      John

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  4. charef dit :

    Merci pour ton invitation à partager ta ballade dans cette belle ville que tu décris si bien John.

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Charef,
      Je te remercie d’apprecier ce parcours urbain entremêlé de souvenirs. Parfois, il suffit d’un tout petit rien et beaucoup de visages, de parfums, de couleurs reviennent.
      Belle soirée Charef
      John

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  5. Belle description, on s’y croirait!

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    1. ibonoco dit :

      Merci Marie-Christine.

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  6. Très vivant, on s’y croirait !

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    1. ibonoco dit :

      Merci Jean-Louis,
      Et le tout en seule phrase longue comme une succession de pensées s’enchaînant les unes aux autres.

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  7. Effectivement, le tout en une seule phrase ! Bravo ! J’aime quand tu nous partages tes propres textes, on se surprends à se promener avec toi dans cette ville que tu aimes tant ! Merci John et belle fin de journée.

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    1. ibonoco dit :

      Merci Catherine,
      Cela me touche. C’est toujours un plaisir de faire partager mes balades dans Lyon, la nuit, le jour, au cours du temps.
      Belle fin de journée
      John

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  8. colettedc dit :

    Merci pour cette agréable lecture, John ! J’♥ beaucoup ! C’est si bien dit ! Bon dimanche ! Amitiés♥

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    1. ibonoco dit :

      Merci Colette,
      Bon dimanche entre amis ou
      en famille.
      Amities
      John

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  9. guyass11 dit :

    You are very sexy with the way you write. Do not get offended … totally excites me

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