Some days

 

 

CERTAINS JOURS

Il y a des jours comme ça – oui comme ça et pas comme cela ! – où tout paraît être compliqué, difficile, lourd, éprouvant, chiant, très chiant, très très chiant avec un petit arrière goût de je-ne-sais-quoi qui vous colle à la peau jusqu’au soir, quand le bleu foncé du ciel vire en quelques secondes au noir et vient recouvrir de ses ailes une journée qui n’en finit pas d’en finir avec elle-même. Et pourtant !

…Et pourtant ! la nuit précédente avait tenu toutes ses promesses avec ses quelques rêves enchanteurs et surtout enchantés, enchantés de peupler cet espace infini de la nuit à des heures où rien ne semble impossible, où rien n’est invincible, où les rêves se frottent à l’envie, le désir à l’amour d’une étreinte enivrante, le plaisir à l’orgasme, et l’âme à la tendresse d’une caresse sur une peau encore toute rosie par la volupté d’un instant d’abandon entre passion et douce folie.

…Et pourtant ! même le tout début de matinée avait été heureux, joyeux dans ses draps blancs immaculés d’un sommeil léger qui s’éveille à la vie en un sourire vert et pétillant, en un parfum de printemps et de muguet, en un appel violent au bonheur empreint d’intimité et de chuchotements dans le creux de mes mains. Même la bonne humeur s’était pointée à son tour, d’un pas léger et tranquille la gueule enfarinée, toute contente de montrer le bout de son nez et d’égayer la grisaille passagère d’un ciel encore un peu trop bas.

…Et pourtant ! la volonté de passer une bonne journée, une belle journée, une superbe journée, bien zen, sans stress, sans haine, ni colère ni énervements excessifs s’était accrochée à moi dès potron-minet, dès la chaleur du premier rayon de soleil une fois la grisaille dissipée, à ce moment précis qui nous imprègne en profondeur de cette envie impérieuse de céder à la fluidité de l’instant qui réveille en nous l’âme de l’enfant dans la respiration de l’adulte…

Mais en quelques secondes, quelques petites secondes de rien du tout, apparemment insignifiantes, tout bascule du côté obscur de la force. Il aura suffi d’un petit grain de sable, microscopique, invisible pour l’oeil, de seulement quelques petites malheureuses secondes pour que tout s’envole, que tout s’effondre comme un château de cartes sur ses fragiles fondations : les rêves enchanteurs, le bonheur d’un regard attendri par les charmes et les chants de la nuit, l’amour d’un matin, la volupté d’un instant d’abandon, la bonne humeur, le bonheur, la volonté affichée de passer une bonne journée coûte que coûte…

Soudain, tout s’effondre, radicalement, désespérément… tout disparaît pour ne laisser place qu’à la désolation d’un quotidien qui retrouve son chemin habituel, d’une routine ayant atteint depuis trop longtemps son taux d’usure, d’une mauvaise nouvelle qui vient vous ronger le cerveau en boucle, qui tourne, tourne et retourne en boucle dans la tête, rongeant le cerveau comme un cancer jusqu’à l’effondrement physique, jusqu’à la folie d’une situation qui n’aurait jamais dû voir le jour.

Putain, ça fait chier ! La journée avait si bien débuté et l’aube avait tenu toutes ses promesses.

Ibonoco

 

 

 

SOME DAYS

There are days like this – yes like this and no like this! – when everything seems to be complicated, difficult, heavy, tiring, boring, very boring, very, very, very boring, with a little aftertaste of something that sticks to your skin until the evening, when the dark blue of the sky turns to black in a few seconds and comes to cover with its wings a day that never ends with itself. And yet!

…And yet! the previous night had kept all its promises with its few enchanting and above all enchanted dreams, enchanted to populate this infinite space of the night at times when nothing seems impossible, when nothing is invincible, when dreams rub shoulders with envy, desire with love with an intoxicating embrace, pleasure with orgasm, and the soul with the tenderness of a caress on a skin still all rosy with the voluptuousness of a moment of abandonment between passion and sweet madness.

…And yet! even the very beginning of the morning had been happy, joyful in its immaculate white sheets of a light sleep that awakens to life in a green and sparkling smile, in a fragrance of spring and lily of the valley, in a violent call to happiness tinged with intimacy and whispers in the palm of my hands. Even the good humor showed up in its turn, with a light and quiet step, the happy face, all happy to show the tip of its nose and to brighten the temporary greyness of a sky still a little too low.

…And yet! the will to spend a good day, a beautiful day, a very Zen day, without stress, without hatred, without anger or excessive anger had clung to me from early in the morning, from the heat of the first ray of sunshine once the greyness had dissipated, at that precise moment which impregnates us in depth with this imperious desire to give in to the fluidity of the moment which awakens in us the soul of the child in the breathing of the adult…

But in a few seconds, a few small seconds of nothing at all, seemingly insignificant, everything switches to the dark side of the force. It will have taken only a small grain of sand, microscopic, invisible to the eye, only a few seconds to make everything fly away, to collapse like a house of cards on its fragile foundations: enchanting dreams, the happiness of a look touched by the charms and songs of the night, the love of a morning, the voluptuousness of a moment of abandonment, the good mood, happiness, the willingness to spend a good day whatever the cost…

Suddenly, everything collapses, radically, desperately… everything disappears to give way only to the desolation of a daily routine that finds its usual path, of a routine that has been worn out for too long, of bad news that comes to gnaw at your brain in a loop, that goes round and round and round in your head, gnawing at the brain like a cancer until it collapses physically, until the madness of a situation that should never have seen the light of day.

Fuck, that’s fucked up! The day had started so well and the dawn had kept all its promises.

Ibonoco

33 commentaires Ajouter un commentaire

  1. karouge dit :

    Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. – Tu réclamais le soir; il descend, le voici: – Une atmosphère obscure enveloppe la ville, – Aux uns portant la paix, aux autres le souci. (Charles Bol D’air)

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    1. ibonoco dit :

      Très beau texte de ton ami Bol D’Air qui aimait paraît-il bien les fleurs.

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  2. marie dit :

    Bonjour John, il y a des jours où tout commence bien et petite à petit le ciel s’assombrit par différents faits, et la journée que l’on devait commencer dans la bonne humeur sombre au soir d’une journée pavée de « Mer… e  » bisous bon après-midi MTH

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie,
      Je vois que tu connais très bien ce genre de journée.
      Bises et amitiés
      John

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  3. Jeanne Glaude dit :

    oui il y a des jours pourris Amitiés .

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Jeanne-Claude.
      Vraiment pourris.
      Amitiés

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  4. Dominique dit :

    Le jour ne doit rien à la nuit. Les promesses de l’une (de lune ?) s’effacent à l’aube, quant à celles de l’aube… elles nous surprennent, forcément !

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    1. ibonoco dit :

      Superbe ! Le jour ne doit rien à la nuit mais ils s’enchaînent l’un à l’autre depuis… la nuit des temps.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie-Christine,
      Non, un petit billet d’humeur’ 😊

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  5. Latmospherique dit :

    C’est vrai qu’il y a des jours comme ça, des nuits si belles, des matins si tendres, des promesses comme des bonbons qu’on laisse sous la langue pour que le goût reste. Et une seconde pour que tout change, sans ménagement on se retrouve propulsé dans une journée qui n’en finit pas, de dégâts et de dégoût aussi.
    Un beau texte John malgré le temps maussade des jours comme ça.
    Amicales pensées
    Marie

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Marie,
      J’aime bien raconter un peu le climat des jours comme ça quand soudain tout bascule. Ces journées le surprennent à chaque fois.
      Merci pour tes mots.
      Amitiés
      John

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  6. Fichtre, fichtre, quel était-il, ce petit grain de sable qui est venu tout foutre en l’air ?
    Essaie de passer (quand même) une bonne journée, John.

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    1. ibonoco dit :

      Merci Jean-Louis
      Bonne journée à toi aussi

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  7. J’aime quand tu nous offre ta prose poétique ! Et oui, il y a parfois de ces grains de sable qui font basculer un jour prometteur … dans ce cas je me dis qu’il ne sert à rien de se focaliser sur ce grain de sable. Et que demain sûrement sera à la hauteur de l’aube renaissante. Belle après midi John et amitiés.

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Catherine,
      Tu as bien raison. Ne pas se focaliser sur le grain de sable. Mais c’est parfois l’instant du grain de sable qui est difficile à dépasser.
      Et je te remercie de tes mots quant à ma prise poétique. J’essaie en effet d’exprimer des moments de vie sous cette forme pour redonner vie à ces moments et essayer de les faire ressentir.
      Bel après-midi
      Amitiés
      John

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      1. Effectivement l’instant est parfois difficile à dépasser. Mais il y a toujours un lendemain et un après lendemain. Belle fin de journée

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        1. ibonoco dit :

          Merci Catherine,
          Belle fin de journée 😊

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  8. gibulène dit :

    Du coup on s’arme de patience et de courage en attendant demain…. on se dit que comme ça ne peut pas aller pire ça ira forcément mieux……….. j’en parle en connaissance de cause, je n’ai ni courage ni patience !!!

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    1. ibonoco dit :

      Il faut apprendre à faire avec. Comme quoi ! L’issue d’une journée – même programmée- n’est jamais garantie.
      Bises Hélène
      John

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      1. gibulène dit :

        c’est le moins qu’on puisse dire ! bises John
        Hélène

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        1. ibonoco dit :

          Bonne soirée Hélène 😊

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  9. Heureusement, Demain est un autre jour ^^ Positives vibes for you !

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    1. ibonoco dit :

      Merci 😊.
      Je vous souhaite de même..
      Bonne soirée

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  10. ibanaca dit :

    Magnifique texte ibonoco,musique qui m’émeut…la vie est un colosse aux pieds d’argile .
    Bien à toi

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Ibanaca,
      Cela faisait bien longtemps…
      C’est toujours un plaisir que d’échanger avec toi.
      J’attends ton nouveau billet avec impatience.
      Belle soirée
      Amitiés
      John

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  11. colettedc dit :

    Oui, hélas, il y a en effet des jours comme ça !!! Mais, il ne faut pas en rester là car, il y a toujours demain qui vient et sera un jour tout à fait autre !!!
    J’ai bien aimé lire ton texte !
    Bonne foute fin de journée et bon jeudi,
    Amitiés♥

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Colette,
      Merci, cela me fait plaisir.
      Et je te souhaite un bon jeudi, c’est le devis d’une toute nouvelle journée 😊
      Amitiés
      John

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  12. Solène Vosse dit :

    Des jours avec, oui. Et des jours sans. Et les jours sans, il faut faire avec.
    Bonne journée John. A bientôt.

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    1. ibonoco dit :

      Merci Solène,
      Bonne journée à toi également. Et bon café du matin.
      John

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  13. André dit :

    Comme un écho, cette angoisse qui parfois nous étreint:
    https://asimon.eu/blog/poesie/angoisse/

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  14. Phédrienne dit :

    Peut-être que le jour s’est dit « il y a des humains comme ça, on croit qu’ils vont vous goûter, apprécier la douceur du matin, l’envolée de lumière sur le faîte de l’arbre, le pépiement des oiseaux, l’arôme du café. Ils n’ont qu’à s’asseoir, ouvrir les yeux, tout est là, j’ai travaillé, oeuvré dans le secret de la nuit, pour que tout soit parfait. Mais non ! Avec ces drôles de créatures, rien n’est prévisible ni acquis, jamais content pourrait être leur adage. La prochiane fois, je commande de la pluie !  » ( bon, c’est une taquinerie, hein)

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour mon amie Phédrienne,
      Un petit billet d’humeur est bon pour ne moral. Et il y a des jours comme ça où cela soulage vraiment.
      Tu peux commander la pluie, je crois que l’on en aura besoin.
      Bizzz
      John

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