Le mercredi, c’est permis ! On meurt aussi…

 

 

Le mercredi, c’est permis, tout est permis ! dit-on souvent. Une expression qui ne veut pas dire grand-chose, une expression qui parfois sert à excuser peut-être quelques légères transgressions ou « insoutenables légèretés – banales – de l’être… » Alors un mercredi après-midi de janvier à Lyon, comme partout en France, tout est permis lorsque c’est la période des soldes. Il faut les voir à l’œuvre ces centaines de passants sur les trottoirs tentant leur chance, rue par rue, de boutique en boutique, à la recherche de la bonne affaire. Et de surcroît, quelques petits rayons de soleil tentent un bras de fer avec les nuages afin de réchauffer timidement l’atmosphère pour donner un air de printemps à un hiver quelque peu morose. Alors, la foule, les gens pressés, les lycéens et autres étudiants, les commerces, la circulation et ses klaxons, les tramways, le va-et-vient incessant des bus TCL, tout y est dans ce tableau urbain de la grande métropole lyonnaise…

Au niveau de l’hôtel de ville, tout est plus dense, plus intense : le trafic routier, le brouhaha de toutes ces âmes qui battent le pavé… Et en un quart de seconde, en une fraction de fraction de seconde, tout peut basculer… et tout bascule. On entend soudain des cris d’effroi, des appels à l’aide. Il vient d’y avoir un accident de la circulation comme il y en a régulièrement dans les grandes villes. Une jeune fille, une adolescente qui allait fêter bientôt ses seize ans s’est fait percuter par un bus alors qu’elle traversait la rue. Ici-bas, on ne choisit pas le moment ni quand les drames se produisent, surtout lorsque l’on a toute la vie devant soi. Des tragédies se jouent au quotidien tout autour de nous et très souvent nous ne les voyons pas, les yeux rivés sur notre portable ou l’esprit déjà au travail alors que nous n’avons même pas débuté une nouvelle journée…

A Lyon, les services de secours sont bien rodés et très efficaces. Mais parfois, il n’y a plus rien à faire même avec la meilleure volonté du monde. L’on ne peut ramener à la vie ce qui s’est éteint brutalement sans un mot pour dire au revoir, sans un cri, sans une larme. Les pulsations d’un petit corps s’arrêtent définitivement, son souffle s’en va prématurément en ne laissant à la place que de la tristesse et de la peine recouvrir de leur voile une famille heureuse, un père, mère, des frères et sœurs.

Aujourd’hui jeudi, tout est encore permis. La ville est bruyante et s’est réveillée comme à son habitude à partir de cinq heures. Les tramways et bus sont au rendez-vous comme tous les jours. Il y a toujours ces bruits de moteur, de pots d’échappement, de klaxons intempestifs, ces brouhahas d’une population vaquant à ses occupations. Et il y aura encore toutes ces centaines de personnes sur les trottoirs… moins une.

14 commentaires Ajouter un commentaire

  1. jamadrou dit :

    Une page frémissante de vie, où la mort s’est invitée sans crier gare, ainsi va la vie.
    un beau texte/film avec son cri simple de fin.
    N’oublions pas de remercier le jour qui nous trouve encore en vie.

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    1. ibonoco dit :

      Oui, tous les matins je le remercie… Mais, à chaque fois que l’on est confronté à ce genre de drame, de près ou de loin, c’est toujours difficile de ne pas se sentir concerné.
      Merci de tes mots.

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  2. gibulène dit :

    R.I.P. à cette jeune fille qui n’a pas eu le temps de connaître la vie finalement……….. peut être est-elle appelée ailleurs pour une autre mission ? se dire qu’elle n’a pas souffert, est-ce un soulagement ? tant de personnes impactées par cet arrêt brutal, et comment s’en remet-on quand on est la famille ???? et quand on est le chauffeur ??? la symbolique demeure : elle a quitté la vie dans la Ville des Lumières.

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    1. ibonoco dit :

      Oui, c’est bien dit : « elle a quitté la ville dans la Ville des Lumières. »
      Le chauffeur et la maman ont été hospitalisés en état de choc.
      Merci pour cette jeune fille.

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  3. Il était une fois une ville semblable aux autres villes : je te cite :
     » tout y est dans ce tableau urbain de la grande métropole lyonnaise… »
    Un très beau récit John…
    Et pourtant, un drame va se produire sans que personne ne s’en doute…
    Une jeune fille de 16 ans, va quitter ce monde…: douleur inattendue, cruelle, brutale pour la mère ; état de choc.
    C’est pour dire qu’on se sait jamais ce qui nous attend au détour du chemin…!
    Douces pensées pour la jeune fille et sa famille ainsi que le chauffeur qui portera longtemps cette lourde culpabilité.
    Profitons et apprécions la vie pendant qu’elle niche encore en nous…

    Bonne soirée John
    Amitiés
    Manouchka

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    1. ibonoco dit :

      Bonsoir Manoucka,

      Je vous remercie de vos mots et de votre attention. Je ne connaissais pas cette jeune fille mais un tel drame le touche toujours.
      Excellente soirée Manouchka
      Amitiés

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  4. Comme je vous comprends…!
    On ne peut pas rester insensible à un si triste événement.
    Excellente soirée également John…

    Mes amitiés
    Manouchka

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    1. ibonoco dit :

      Merci Manoucka
      Amitiés

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  5. colettedc dit :

    Elle tient à un fil oui, la vie. Une jeune qui avait toute cette vie devant elle. Bien triste, hélas ! Tout continu sans elle mais c’est et ce sera toujours différent, puisqu’on ne peut oublier de tels évènements.

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    1. ibonoco dit :

      Bonjour Colette et merci de vos mots et de votre bienveillance. C’est toujours un drame auquel je suis très sensible.
      Une vie fauchée…
      Très bonne journée Colette.

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  6. Edmée dit :

    Quel contraste entre l’affolement, l’affairement pour des choses quotidiennes et sans importance sans doute, et puis cette jeune vie qui s’arrête là, comme tu dis sans au revoir, sans le dernier regard, juste un dernier projet bien court qui ne s’accomplira plus… Pauvre famille surtout!

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    1. ibonoco dit :

      Merci Edmée. Comme tu le dis : « pauvre famille ». C’est toujours un drame. Et l’on ne d’habitude jamais et heureusement.
      Excellente journée

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  7. Filimages dit :

    Quelle tristesse pour la famille.
    Il faut toujours être vigilant lorsque l’on traverse une rue, mais n’oublions pas que la majorité des accidents mortels ont lieu sur les routes de campagne, et plus rarement en ville.
    Pensées pour cette jeune fille, à peine plus âgée que mon fils…

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    1. ibonoco dit :

      Oui, j’avais également dans un premier temps parlé des routes de campagne. Merci d’avoir pris le temps d’avoir une pensée pour cette jeune fille. Avec le temps, je trouve ce genre de disparitions de plus en plus insupportable, comme beaucoup d’autres aussi quand il s’agit de jeunes personnes.

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